Société : Quelle est la situation des migrants arabes musulmans en Andalousie ?

Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 05/12/2017, mise à jour le 12/07/2022.

carte des migrants de la province d'Almeria en 2007

L’immigration des arabes musulmans en Andalousie a commencé au VIIIème siècle pour des quêtes de territoires. Aujourd’hui, les principales raisons sont plutôt la volonté d’avoir une vie meilleure en émigrant sur ce territoire, le souvenir d’un passé commun, etc.
Comment, en termes d’intégration religieuse, culturelle, sociale, l’immigration des arabes musulmans est-elle perçue en Andalousie ?

Voici une sélection d’articles, de sites ou de livres accessibles en ligne, y compris en espagnol.

Le contexte récent

Immigration pour la main d’œuvre

L’Espagne veut assouplir sa politique migratoire pour faire face à la pénurie de main d’œuvre de la rédaction de Rfi, 04/06/2022.
Extrait :
« Tout d’abord, le gouvernement veut régulariser les immigrés qui se trouvent sur le territoire et qui pourraient occuper ces fonctions. Ensuite, il veut faire davantage appel à des pays d’origine, un peu comme c’est déjà le cas avec le Maroc dont des ressortissants travaillent dans les champs de fraise en Andalousie. »

Reportage : en Espagne, les migrants font vivre les cultures de tomates de Leslie Carretero sur Infomigrants, 15/05/2018.
Extrait :
« Très vite, un petit groupe d’hommes se forme et les langues se délient. La majorité des résidents sont des Marocains arrivés illégalement en Espagne par la mer via des embarcations de fortune. « Même si la vie est difficile ici, c’est toujours mieux qu’au Maroc », lance Kassimi qui tout juste arrivé, à toute allure au volant de son vélo. Le jeune homme de 31 ans, cicatrice sur le nez et barbe de trois jours, ne mâche pas ses mots quand il évoque son pays : « Le roi est un voleur, il ne sert à rien à part prendre notre argent », dit-il. »

La santé des travailleurs agricoles migrants : un objet politique ? de Frédéric Décosse sur Études Rurales, 01/01/2010.
Extrait :
« PENDANT VINGT-CINQ ANS, Ahmed est venu travailler en France, d’abord sans papiers puis comme saisonnier sous contrat OMI. Il a passé de longues années passées, dans les arbres, avec 70 autres Marocains, à récolter, tailler, éclaircir et pulvériser des produits. Tout cela ce sans aucune protection. Ouvrier polyvalent et ancien de l’exploitation, il aura une petite retraite, faute d’un nombre suffisant de trimestres et à cause du SMIC mensuel qu’il touchait en dépit de sa qualification et de son expérience. »


Mais une intégration remise en question

Espagne : une vague de crimes islamophobes balaie le sud du pays de Inigo Alexander sur Middle East Eye, 02/08/2021.
Extrait :
« Au petit matin du 7 juillet, les fidèles se dirigeaient vers la mosquée Ibn Arabi pour leur prière matinale quand ils ont fait une découverte macabre : une tête de cochon, un couteau toujours fiché dedans, sur le seuil. Sur les murs, ils ont trouvé des messages disant « Non à l’islam » et « Stop à l’invasion », ainsi qu’un grand drapeau espagnol avec la déclaration : « La souveraineté de l’Espagne est non négociable ». »

En Espagne, l’extrême droite s’en prend à l’islam et à l’Al-Andalus de François Musseau sur Le Point, 12/01/2019.
Extrait :
« Depuis que les ultras de Vox – une formation confidentielle et sans représentation parlementaire – ont surpris leur monde en décembre, à l’issue des législatives en Andalousie, en obtenant 395 000 suffrages et 12 députés, l’immigration et l’islam sont sur le devant de la scène, au titre de cibles. « Avec cette extrême droite en pleine effervescence, souligne le politologue Josep Ramoneda, s’est réveillée la furie anti-immigration et anti-musulmane, deux sujets qui n’ont jamais été un réel problème dans la société espagnole. » »

L’islam de l’Espagne d’aujourd’hui n’est plus celui d’Al Andalous de Delphine Allaire sur La Croix, 18/08/2017.
Extrait :
« Majoritairement musulmane pendant sept siècles, l’Espagne contemporaine compte peu de musulmans. Malgré un certain communautarisme et une xénophobie naissante, les musulmans d’Espagne ont noué une relation de confiance avec les autres croyants ou non-croyants du pays et semblent « avoir réussi leur intégration ».


L’intégration culturelle

Chapitre 3 : Le dernier des Andalous de Jonathan Gornall et Mouna ElHaimoud sur Arab News, 03/11/2020.
Extrait :
« L’Espagne moderne, a déclaré Antonio Manuel Rodriguez Ramos, professeur de droit civil à l’université de Cordoue, est une nation « qui oscille entre deux notions: ceux comme nous qui défendent la diversité comme la véritable essence de son histoire, et ceux qui ont l’intention de construire leur identité en la rejetant. » »

Espagne: L’arabe bientôt enseignée comme deuxième langue étrangère en Andalousie de Yann Ngomo sur Yabiladi, 29/12/2009.
Extrait :
« Afin de faciliter l’intégration des élèves et étudiants étrangers, le 3e Plan Intégral Pour l’Immigration en Andalousie (PIPIA 3) prévoit un nombre important de mesures. Elles rentrent dans un vaste plan de scolarisation destiné aux immigrés. L’une des mesures de ce plan est donc la promotion de la langue arabe comme deuxième langue étrangère. Selon les directives du département de l’Education de la communauté autonome d’Andalousie, dans l’enseignement secondaire. »


L’intégration religieuse

« L’islam de l’Espagne d’aujourd’hui n’est plus celui d’Al Andalous » de Delphine Allaire sur La Croix, 18/08/2017.
Extrait :
« « Depuis les années 1990, des ghettos se sont formés à Barcelone et à Almería en Andalousie. Mais aussi dans les enclaves espagnoles au Maroc de Ceuta et Melilla où 50 % de la population est musulmane et d’origine très populaire, voire marginalisée ». Quant à la pratique de la foi, elle est « intense » en raison du « lien très fort entretenu avec la culture d’origine, surtout quand il s’agit du Maroc », avance le Père Villagrán, soulignant le contraste avec la jeunesse espagnole sécularisée. »

UCIDE
Présentation :
« L’ Union des communautés islamiques d’Espagne est une fédération de communautés religieuses islamiques, composée des communautés fondatrices, avec des fédérations régionales et des fédérations sectorielles, inscrites au registre des entités religieuses du ministère de la Justice, chacune avec ses différents départements ou sections, qu’il s’agisse des affaires sociales, de la jeunesse, des femmes ou de la jurisprudence, entre autres. » (Traduit de l’espagnol)

Depuis 1967, les musulmans d’Espagne disposent d’un cadre juridique leur permettant de s’organiser en associations et fédérations, au niveau local ou national. Créée en 1992, la « Commission islamique espagnole » (CIE) est l’interlocuteur direct du gouvernement. Elle est chargée de surveiller et de garantir les pratiques et espaces religieux musulmans dans le pays.

En son sein, deux fédérations se disputent la représentativité de la communauté musulmane espagnole : l’Ucide, qui réunit la majorité des musulmans espagnols d’origine marocaine ou syrienne, et la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI), plutôt composée d’Espagnols convertis « commission islamique espagnole » (CIE).


Pour aller plus loin…

Vous pouvez également consulter l’histoire entre le peuple arabe musulman et l’Andalousie.

Al-Andalus : l’invention d’un mythe
Serafín Fanjul, Éd. L’Artilleur, 2017.
Résumé :
« L’historien démonte le mythe de la cohabitation pacifique entre les cultures arabo-musulmanes, chrétiennes et juives à Al-Andalus. La période fut en effet marquée par des affrontements entre chrétiens et musulmans et par une grande intolérance entre religions. » ©Electre 2017

La présence arabe en Andalousie sur la page Passerelles de la BNF.
Extrait :
« La présence musulmane en Andalousie (al-Andalus) culmine aux 10e-11e siècles lors du califat omeyyade, alors que Cordoue, peuplée et dynamique, devient un foyer culturel rayonnant sur tout le bassin méditerranéen. Mais l’influence de l’art musulman ne s’éteint pas avec la « reconquista » orchestrée par les rois catholiques. »


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