Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 09/12/2018, actualisée le 13/05/2022.
À l’origine le gilet jaune est un vêtement (une chasuble) obligatoire dans le cadre de la sécurité routière depuis 2008. Le mouvement de « grogne sociale » en a fait un objet emblématique. Il est devenu un symbole de la fracture sociale.
Mais pourquoi le jaune, quelle est sa symbolique en France ? Comment sont vu les gilets jaunes politiquement et sociologiquement ?
Retour sur un bout de tissu et une couleur !
Bref historique : Direction le Moyen-âge
Des proscrits aux «gilets jaunes», la couleur des mal-aimés par Olivier Favier sur RFI, 23/07/2021.
Résumé :
« Dans les pays protestants, la couleur dorée devient synonyme de richesse tapageuse et donc de vulgarité. Au XIXe siècle, le jaune distingue les passeports fournis aux anciens bagnards. Aux États-Unis, on qualifie de « presse jaune » les journaux à scandales sur papier bon marché, le même utilisé par le journal L’Auto, l’ancêtre de L’Équipe, qui crée avec le « maillot jaune » du Tour de France, en 1919, l’un des rares usages positifs de la couleur. »
Le jaune, histoire d’une couleur déchue par Camille Renard sur France Culture, 04/12/2018.
L’histoire du jaune selon l’historien médiéviste Michel Pastoureau, dont une vidéo de 03,44 min.
Résumé :
« Avec le Christianisme, le Moyen Âge dégrade la valeur associée au jaune. Après l’échec des Croisades, on cherche des ennemis à l’intérieur du pays. On crée des codes d’exclusion, des vêtements d’infamie pour stigmatiser. Judas est d’abord représenté avec les cheveux roux, puis porte une robe jaune à partir du XIIe. Jaunes donc aussi, la rouelle ou l’étoile qui désigne les Juifs à partir du XIIIe siècle dans les villes européennes ; un signe que les Nazis reprendront dans les années 1930. Le jaune devient la couleur de l’ostracisme. La symbolique médiévale fait du jaune la couleur des tricheurs, des traîtres, des félons, du mensonge, de la maladie. »
Analyses sociologiques des gilets jaunes
Les déterminants de la mobilisation des Gilets jaunes de Pierre C. Boyer, Thomas Delemotte, Germain Gauthier, Vincent Rollet et Benoît Schmutz dans Revue économique, vol. 71, p. 109-138, 06/02/2020.
Extrait :
« Cet article présente les résultats d’une étude sur les territoires dont sont originaires les « Gilets jaunes », au début de la mobilisation. Dès le premier samedi de mobilisation, le 17 novembre 2018, ce mouvement se démarque par son caractère local et sa couverture nationale. À partir de données inédites de la mobilisation sur Facebook, nous montrons une forte corrélation entre mobilisation online (sur Facebook) et mobilisation offline (blocages des ronds-points). Nous réalisons alors une cartographie fine et contrastée de la contestation. L’étude économétrique met en évidence le rôle de la mobilité pour expliquer les origines du mouvement, au travers notamment du passage des routes à 80 km/h et des distances domicile-travail. »
Chapitre 15. Nuit Debout, Gilets jaunes : quoi de neuf à l’horizon des mouvements sociaux ? de Magali Della Sudda et Christine Guionnet dans Nouvelle sociologie politique de la France, 2021. Disponible sur Cairn.
Extrait :
« Peut-on déceler une continuité sociologique entre Nuit Deboutistes et Gilets jaunes ? Une telle question ne va pas de soi. Comme la plupart des mouvements dits « de places » [Dechezelles et Olive, 2019], Nuit Debout et les Gilets jaunes se caractérisent d’abord par la confluence des mécontentements, des sentiments de précarité économique et/ou sociale et d’injustice, et par la vision d’un avenir difficile. »
Petite sociologie des Gilets jaunes : la contestation en mode post-institutionnel
Christian Le Bart, Presses universitaires de Rennes, 2020.
Résumé :
« Une analyse du mouvement des gilets jaunes, qui a pris de court les politiques, les journalistes et les commentateurs du fait de son intensité et de ses modes d’expression. L’auteur s’interroge sur les origines et l’ampleur de la mobilisation en insistant sur son affranchissement des grammaires institutionnelles, lequel témoigne d’une tendance contemporaine à une individualisation du social. » ©Electre 2020
Gilets jaunes et politique
L’impact politique
« Gilets jaunes » : quelle démocratie veulent-ils ? de Frédéric Gonthier, Camille Bedock, et al. dans The Conversation, 27/10/2021.
Extrait :
« La question des préférences démocratiques des gilets jaunes a donné lieu à des interprétations très contrastées. Beaucoup se sont appuyés sur la centralité de la revendication du Référendum d’Initiative Citoyenne et le fort rejet des élites pour lire une volonté de démocratie directe permanente, qui remplacerait les formes conventionnelles de représentation politique. »
Trois ans après, 82% des Français pensent que le mouvement des Gilets jaunes pourrait reprendre de Philippe Rioux sur La Dépêche, 17/11/2021.
Extrait :
« Parmi les candidats déclarés ou potentiels à la présidentielle de 2022, Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN) apparaissent comme les plus proches des revendications des Gilets jaunes, avec une légère avance pour le leader de la France Insoumise (34% contre 30%). Logique puisque c’est essentiellement chez les sympathisants de la France Insoumise (25%) et du Rassemblement national (19%) que l’on trouve le plus de personnes disant avoir pris part au mouvement. »
Les gilets jaunes vus par les politiques
Ces articles relativement anciens restent intéressants parce qu’ils exposent les avis des personnalités politiques à l’époque des événements.
Gilets jaunes : toutes les réactions des personnalités politiques par la rédaction de Challenges, 18/10/2018.
Extrait :
« – Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France: « Je dénonce l’instrumentalisation de ce drame [la mort d’une manifestante] faite par le gouvernement pour discréditer la mobilisation citoyenne du 17 novembre, mouvement populaire et apolitique. La mise en scène de Christophe Castaner est écoeurante. (…) Combien de morts faudra-t-il avant qu’Emmanuel Macron n’entende la détresse des Français? » (communiqué). »
« Gilets jaunes » en France : les réactions politiques sur TV5 Monde, 04/12/2018.
Extrait :
« Le mouvement des « Gilets Jaunes » a suscité de nombreuses réactions politiques depuis le début de leur mobilisation. Retour sur les différentes interventions politiques sur notre antenne avec Nicolas Turquois (député Modem-LREM de la Vienne), Younous Omarjee (eurodéputé La France Insoumise), et Louis Aliot (député Rassemblement national des Pyrénées-Orientales) »
Pour aller plus loin …
Un an après le début du mouvement de protestation des Gilets jaunes, la Bpi propose une bibliographie sélective de livres, sites web et podcasts pour mieux le comprendre.
Télécharger la bibliographie.
Vous pouvez également vous intéresser à l’impact économique des gilets jeunes à l’époque. Dans Les Echos, il y a un article datant du 19 mars 2019 qui relate de cela. Il a été écrit par Renaud Honoré : « Gilets jaunes » : l’impact économique du mouvement reste limité.
Extrait :
« Maudits « gilets jaunes » ! Pour expliquer une nouvelle prévision de croissance pour 2019 en retrait par rapport au chiffre initial (+1,4 % contre +1,7 % annoncé en septembre), Gérald Darmanin a accusé le mouvement né sur les ronds-points. « On aurait peut-être 1,6 ou 1,7 % s’il n’y avait pas le mouvement des »gilets jaunes » », a estimé ce mardi le ministre de l’Action et des Comptes publics, en évaluant l’impact des manifestations à 0,2 point de croissance, soit « 4 milliards d’euros ». »
Sur le rôle de Facebook comme facteur de mobilisation et les corrélations entre différents facteurs d’explication de la mobilisation :
Les déterminants de la mobilisation des Gilets jaunes par Pierre Boyer, Thomas Delemotte, Germain Gauthier, Vincent Rollet et Benoît Schmutz, Revue économique, 2020, vol. 71, p. 109-138.
Résumé :
« Cet article présente les résultats d’une étude sur les territoires dont sont originaires les « Gilets jaunes », au début de la mobilisation. Dès le premier samedi de mobilisation, le 17 novembre 2018, ce mouvement se démarque par son caractère local et sa couverture nationale. À partir de données inédites de la mobilisation sur Facebook, nous montrons une forte corrélation entre mobilisation online (sur Facebook) et mobilisation offline (blocages des ronds-points). Nous réalisons alors une cartographie fine et contrastée de la contestation. L’étude économétrique met en évidence le rôle de la mobilité pour expliquer les origines du mouvement, au travers notamment du passage des routes à 80 km/h et des distances domicile-travail. »
Eurêkoi – Bibliothèque Publique d’Information