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Qui a inventé les clés en musique ? Comment l’écriture de la musique s’est-elle harmonisée ?

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    Bibliothèque francophone multimédia de Limoges – notre réponse actualisée le 12/06/2024.

    Enluminure représentant Guido van Arezzo au travail sur fond de partition
    Montage Eurêkoi d’après des photos de Freepik et Wikimedia Commons

    Auxiliaire indispensable au musicien, la partition musicale n’a pas toujours existé telle qu’on la connait aujourd’hui. Les bibliothécaires Eurêkoi vous proposent de découvrir la façon dont la notation musicale s’est harmonisée au fil des siècles jusqu’à donner naissance à la partition moderne.

    La naissance de la notation musicale en Occident

    Le passage de l’oral à l’écrit

    Les premiers systèmes de notation musicale apparaissent dès l’Antiquité en Orient. Tandis qu’en Occident, les premières traces de notation datent du Vème siècle avant J-C. Dans le monde chrétien, il faut attendre le IXème siècle après J-C (source : NOTATION MUSICALE par Mireille Helffer et Alain Pâris, Encyclopædia Universalis).

    Au Moyen-âge, ce sont les moines qui, les premiers, ont l’idée d’inscrire de petits signes sous le texte des chants liturgiques. Ces signes, appelés « neumes », servent à indiquer la hauteur associée à chaque syllabe. L’émergence d’une notation musicale en Occident est liée à la complexification des mélodies et à l’essor de l’écriture à plusieurs voix, la polyphonie (source : Les Moyens Ages musicaux par le musicologue Yves Fournier, blog Musica Enchiriadis, 15/09/2017).

    « Pour couvrir l’ensemble de l’empire, une autre difficulté essentielle résidait dans la possibilité de reproduire la mélodie de ces chants transmis oralement : pour pallier cet obstacle, les copistes commencèrent à inscrire des signes sous les mots et phrases des textes indiquant la façon de les énoncer, donc en suggérant la « pente » de la voix, la durée des syllabes et le phrasé de la langue latine : une notation musicale est née à partir de signes de ponctuation et des éléments utilisés par les grammairiens latins. Ces signes sont peu nombreux et s’organisent autour de l’accent (virga) et du point (punctum) pour se combiner et indiquer le degré de gravité du son, sa durée, sa rapidité. […] Sans faire de bruit, sans manuel, et explications, les chantres pour soutenir la mémoire et transmettre ont commencé à inventer un deuxième niveau de lecture sur le parchemin. Cette notation qui a aussi un lien avec le geste de la main qui guide le chant, va se répandre et se raffiner sous forme de signes « neumatiques », adjectif provenant du terme grec « neume » signifiant « signe ». »

    Histoire de la musique occidentale d’Élisabeth Brisson et Jérôme Thiébaux, éd. Ellipses, 2020.

    L’apparition des lignes de portée

    Au fil des années, la notation neumatique évolue et les premières lignes de portée voient le jour.

    « Au XIème siècle, certains scribes facilitèrent leur travail en préparant sur le parchemin, à la pointe sèche, une ligne-repère de signification variable : ce fut l’amorce de la portée. Progressivement, on renforça le rôle de cette ligne en la traçant à l’encre et en précisant au moyen d’une lettre (clavis) le nom de la note qui lui est affectée : ces lettres deviendront nos clefs ; on ajouta une seconde ligne, à distance de quinte, puis une troisième divisant ces deux par le milieu : on s’aperçut alors que chaque note disposait désormais d’un emplacement précis, par ligne et interligne successifs, et on ajouta d’autres lignes selon le même principe. Leur nombre était variable, mais l’usage les normalisa à peu près à 4 au cours du XIIème siècle, puis au XIIIème siècle à 5 pour la musique non liturgique. »

    Notation musicale, Encyclopédie Larousse (disponible en ligne)

    C’est un moine italien de l’ordre bénédictin, Guido d’Arezzo, qui serait à l’origine des premières lignes de portée.

    « C’est à Guido d’Arezzo (vers 990 – vers 1050) qu’est attribuée l’invention des lignes à l’origine de la portée musicale : il a l’idée de tracer une ligne jaune pour le do, une ligne rouge pour le fa, tandis que les neumes, ces signes graphiques placés au-dessus des syllabes du texte, se transforment, la virga devenant un carré muni d’une hampe, le punctus, un carré. […] Les tons grégoriens sont construits sur des modes, issus de manière détournés et en quelque sorte appauvris de la théorie grecque. […] Mais la difficulté du chanteur est bien de situer le demi-ton dans les mélodies qu’il interprète. Or celui-ci est bien placé avant le F ou le C. Les deux lignes sont donc là pour guider le rappel de cet intervalle caractéristique de la modalité européenne, donnant naissance à nos fameuses clés (de sol, de fa et d’ut). »

    Histoire de la musique occidentale d’Élisabeth Brisson et Jérôme Thiébaux, éd. Ellipses, 2020.

    L’invention de la solmisation

    Vers 1030, Guido d’Arezzo met au point un autre procédé majeur pour la notation musicale occidentale : la solmisation.

    « Et pour simplifier et unifier la lecture, et surtout selon la légende pour aider ses élèves dont la mémoire était bien déficiente, Guido d’Arezzo aurait inventé un procédé de mémorisation mis au point à partir des premières syllabes d’une hymne à Jean-Baptiste dont chaque début de phrase monte d’un degré de la gamme […] Ce procédé désigné par le terme de « solmisation » donne les noms des notes qui se succèdent et constituent une gamme : ut, ré, mi, fa, sol, la, (si). Le SI ne sera employé que plus tardivement. La solmisation se base sur la notion d’hexacorde (six notes) avec un seul demi-ton (mi-fa). […] La technique de Guy d’Arezzo ne fixe donc pas pour le moment des hauteurs absolues (comme nous le pratiquons maintenant) mais des successions d’intervalles. »

    Histoire de la musique occidentale d’Élisabeth Brisson et Jérôme Thiébaux, éd. Ellipses, 2020.

    L’harmonisation de la notation musicale

    La révolution de l’imprimerie

    Au XVIème siècle, le procédé de l’imprimerie permet une uniformisation des partitions musicales et fixe leur forme.

    « Mais le nombre de lignes de la portée reste variable jusqu’au XVIe et l’invention de l’imprimerie : cette révolution technologique fait disparaître l’enluminure et fixe le nombre de lignes de la portée. Ainsi, cinq lignes et quatre interlignes ornent encore aujourd’hui partitions et autres papiers à musique. La clé est placée au début de la portée et indique la hauteur des notes. Elles ont la forme ronde, et peuvent être placées sur les lignes, dans les interlignes, et aussi sur les lignes/interlignes supplémentaires au-dessus et en-dessous de la portée. »

    À quoi servent les clés en musique ? par Suzana Kubik, Apprendre la musique, France Musique, 19/10/2023.

    La naissance de la partition moderne

    « Au XVIIIe siècle, la partition, telle qu’on la connait aujourd’hui, prend véritablement forme. Avec une portée de cinq lignes, des notes blanches ou noires avec des hampes, et tous les symboles indiquant la manière de jouer un morceau. « Par exemple, on a des signes pour dire que des notes sont piquées, détachées, staccato ou liées. D’autres signes pour indiquer des nuances : piano, forte. Mais aussi des variations de nuances, comme un crescendo, ou un decrescendo. En marge, on trouve aussi une marque métronomique, qui indique le nombre de battements par minute », précise Nicolas Donin. »

    D’où viennent les partitions ? Petite histoire de la notation musicale par Alexandra James, Culture Prime, France Musique, 23/05/2024.

    Pour aller plus loin…

    Ressources en ligne

    Nous vous recommandons le dossier, disponible en ligne, La notation musicale par Les Essentiels de la Bibliothèque nationale de France.
    Résumé :
    Noter la musique, c’est plus que noter un langage. Hauteur, durée, vocalisation, intensité des sons sont autant de paramètres qui doivent être retranscrits et interprétés. De nombreuses cultures dans le monde se sont essayées au défi de noter la musique, empruntant souvent à d’autres systèmes graphiques.

    La Philharmonie de Paris propose une sélection bibliographique sur le notation musicale : NOTATION MUSICALE.

    Ouvrage

    Nous vous conseillons également l’ouvrage Du son au signe : histoire de la notation musicale de Jean-Yves Bosseur, Éd. Alternatives, 2005.
    Résumé :
    L’écriture musicale a évolué au fil des siècles et le solfège, souvent considéré comme acquis, a subi de nombreuses mutations. L’auteur revient sur le cheminement de la notation musicale avec des documents iconographiques à l’appui pour illustrer sa relativité qui se traduit par des caractéristiques graphiques diversifiées.

    Vidéo

    Vous pouvez visionner cette vidéo qui retrace l’évolution des partitions musicales.

    Youtube – Les partitions, d’où ça vient ?, Culture Prime, France Musique, 12/05/2024.

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