Qu’est ce que le paysage ? Dans sa définition générale ?
Notre réponse du 04/01/2018
Voici le début de l’article Paysage sur le site spécialisé Hypergéo que je vous recommande de consulter, sans oublier tous les liens de la colonne de gauche
http://www.hypergeo.eu/spip.php?article284#
« Défini par le dictionnaire Robert comme une “partie de pays que la vue présente à un observateur”, le paysage constitue une notion fondamentale dans l’approche géographique, comme le sont aussi l’espace, le milieu, le territoire, ou la région. Même s’il est également investi par d’autres disciplines, comme l’agronomie, l’architecture, ou l’archéologie, pour l’étude du phénomène, et l’esthétique ou l’histoire littéraire ou culturelle, pour l’étude des représentations qui y sont attachées, il reste un thème emblématique de la géographie, par-delà la variété des façons dont il a été thématisé dans la discipline.
Développé en Occident comme genre de représentation de la nature à partir de la Renaissance, il n’est devenu une catégorie ordinaire de perception que lorsqu’il a émergé comme pratique iconographique et type de représentation esthétisante, puis comme valeur, depuis le sentiment du “sublime” devant la Nature des Romantiques jusqu’aux politiques contemporaines de préservation, en passant par le développement du tourisme. Lesté par cette histoire, le mot est fortement connoté et tend toujours à être ambigu, désignant à la fois le phénomène et sa représentation, c’est-à-dire aussi, par métonymie, les codes qui encadrent celle-ci et définissent les éléments d’un “beau paysage” et les lois de leur composition.
Dans la géographie régionale descriptive qui a constitué l’horizon de la discipline jusqu’aux années 1960, la référence au paysage est omniprésente, même si tous les travaux ne relevaient pas de cette veine paysagère. Les descriptions raisonnées de contrées (généralement des région, définies par le relief ou le climat) apprécient les phénomènes dans leur profondeur historique et s’attachent à mettre en relation ces phénomènes, avec une attention privilégiée pour la façon dont la mise en valeur a tiré partie des aptitudes du milieu et en montrant la marque des sociétés dans le paysage. Pour chaque espace étudié, une régionalisation est proposée (qui, en même temps qu’un but de l’étude, est une nécessité de présentation) identifiant des régions homogènes définies chacune par un paysage, qui est une reconstruction intellectuelle, “une situation moyenne, plus réelle, si l’on veut, que celle que livrerait un exemple ponctuel puisqu’elle évite l’exceptionnel, le non-représentatif” (Paul Claval, Géographie humaine et économique contemporaine, 1984, p.329 – on peut ajouter que l’art du géographe consiste à relever le significatif sous forme de notations paysagères concrètes qui viennent étayer ses généralisations). Si elle étudiait donc le paysage-phénomène, la géographie régionale classique n’en a pas moins à son tour constitué le paysage en un type de représentation, marqué par certains biais, comme l’accent sur les formes du relief, à la fois parce que les régions homogènes correspondent largement à des unités de relief, mais aussi parce que la géomorphologie jouissait d’une position institutionnelle forte à l’époque où cette approche régionale dominait… »
Vous pouvez lire également cet extrait de l’article de Philippe LEVEAU, « PAYSAGE HISTOIRE DU », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 04 janvier 2018. Consultable partiellement en ligne sans abonnement, sinon, voir en bibliothèque URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/histoire-du-paysage/
« Qu’est-ce qu’un paysage ?
Dans sa première définition, telle que la donne le dictionnaire de langue de Paul Robert, un paysage est la « partie d’un pays que la nature présente à l’œil qui le regarde ». Beau ou laid, un paysage est le cadre de notre existence quotidienne. À ce titre, il peut être l’objet d’une vision artistique (et le terme a pris en peinture un sens spécifique venant à désigner un tableau « où la nature tient le premier rôle et où les figures d’hommes ou d’animaux ne sont que des accessoires ») décrite par le poète ou représentée par le peintre. Le terme a gagné par analogie la littérature. Une histoire du paysage à prétention scientifique élaborée à partir d’une approche esthétique est parfaitement légitime. L’évolution des acceptions du mot paysage n’est d’ailleurs pas un cas unique : tous les géomorphologues ne savent peut-être pas qu’une notion aussi importante que celle de relief a été empruntée au vocabulaire… artistique !
Le mot paysage a une infinité de sens propres et figurés, qui correspondent à des démarches tout aussi légitimes. Ce qui attire particulièrement le regard de l’historien vers le paysage est sa fonction de « lieu de mémoire ». Le grand tourismes’intéresse surtout aux curiosités naturelles (montagnes, déserts…) et aux monuments qui étonnent (la muraille de Chine, les pyramides…). Mais la visite des paysages, sauf exotiques, n’est proposée qu’à une élite cultivée. Le paysage est en effet un lieu infiniment culturel. Diversité et richesse du paysage français, voilà une idée constamment répétée ; elle se réclame du prestige de l’école géographique française et de celui de Braudel dont le nom est lié pour le grand public au rayonnement de l’école historique française. Mais un étranger venu visiter notre pays pourrait éprouver l’impression de monotonie que nous aurions chez lui !
Revenant à la définition du dictionnaire, on y retiendra la mise en relation, dans le mot paysage, de trois éléments. Le premier est le pays dont il est une partie ; ce mot pays, qui a pris une importance particulière dans l’école géographique française à la suite des travaux de Vidal de La Blache, désigne un espace géographique plus ou moins nettement limité et considéré surtout dans son aspect physique. Le deuxième est la nature, qui peut elle-même être analysée en deux ensembles régis indépendamment de l’homme par des lois qui sont les conditions proposées aux sociétés humaines par le milieu. Les naturalistes appellent cela l’écosystème. Celui-ci réunit un ensemble d’éléments physiques et d’organismes vivants. Les éléments physiques sont le relief, le climat, les sols, les eaux, l’air ; ils constituent l’environnement abiotique. Les organismes vivants – qui constituent la communauté biotique – sont les animaux qui y vivent et les plantes qui y croissent. Le troisième élément est le regard de l’homme qui fait qu’il existe comme tel. Mais – et c’est là que se situe la coupure avec le regard de l’artiste – l’historien ne voit pas seulement dans l’homme le spectateur passif d’un spectacle beau ou laid ; l’homme est aussi ce puissant agent modificateur du paysage dont nous avons présenté deux exemples. Pour tenir compte de ce dernier aspect, les géographes préfèrent à la notion d’écosystème celle de géosystème : « l’écosystème est dans le paysage ; il n’est pas tout le paysage » (G. Bertrand). La diversité de ces composantes s’inscrit dans la diversité des paysages. »
Je vous invite aussi à lire l’article Paysage du dictionnaire : Les mots de la géographie, dictionnaire critique Ed Reclus – La documentation française 1993, pages 373-380
Enfin, vous pouvez consulter ces deux réponses récentes que nous avons faites sur des thèmes voisins :
Quels ouvrages lire pour approfondir l’étude des paysages (aspect géographique, esthétique, sociétal…)?
https://www.eurekoi.org/quels-ouvrages-lire-pour-approfondir-letude-des-paysages-aspect-geographique-esthetique-societal/
Quel livre de base me conseilleriez-vous pour pouvoir voir des choses fondamentales sur le sujet de territoire et géographie en général ?
https://www.eurekoi.org/quel-livre-de-base-me-conseilleriez-vous-pour-pouvoir-voir-des-choses-fondamentales-sur-le-sujet-de-territoire-et-geographie-en-general/
Cordialement,
Eurêkoi – Bibliothèque Publique d’Information