Quels sont le nom et l’origine des curieuses coiffes en forme de palmier que portaient les Mâconnaises au XIXe siècle ?

Bibliothèque départementale de Saône-et-Loire – notre réponse du 06/02/2023.

Bressanes et Mâconnaises en costume de fête, près de la Saône
Bressanes et Mâconnaises en costume de fête © Agence photographique Rol via Gallica / Bibliothèque nationale de France

« Les costumes régionaux atteignent leur apogée en ce début du xixe siècle. Les costumes paysans, dans une France encore mal unie, avaient toujours marqué des différences régionales : dès le xvie siècle, des relations de voyageurs ou des recueils de costumes en rapportent la variété, d’une région à une autre. » (Histoire du costume de François-Marie Grau, éd. PUF, coll. Que sais-je ?, chap. 8, §10).
Mais à l’époque contemporaine, qui a connu une homogénéisation des costumes, ces costumes d’autrefois, ceux des femmes notamment, ne manquent pas de surprendre et d’interroger.
Quels sont, par exemple, le nom et l’origine des curieuses coiffes en forme de palmier des Mâconnaises au XIXe siècle ?
Brève plongée dans un univers culturel aujourd’hui disparu.

Nom de la coiffe des Mâconnaises au XIXe siècle

Elle serait dénommée « brelot » selon Gabriel Jeanton dans son étude ethnologique et historique Costumes bressans et mâconnais (éd. Renaudier, 1937, p. 15), consultable en ligne sur Gallica (bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France). Mais ce n’est qu’un des noms donnés à cette coiffe. Comme l’écrit le même auteur, « les noms portés par ce chapeau sont assez variés et assez vagues » (p. 15). On trouve également « chapeau à cocardiau », « chapeau à toque », « chapeau mâconnais » ou encore, en patois,  » tieulon « .


Description de cette coiffe mâconnaise

Cette coiffe féminine mâconnaise est une coiffe imposante, généralement de couleur noire, comportant deux étages confectionnés de tulle, dentelle et feutre reliés par une cheminée.
Une description plus complète en est donnée dans l’ouvrage Le Costume tournugeois (p. 182) mentionné par Gabriel Jeanton :
« La coiffe mâconnaise se compose d’une large passe plate, brodée, enserrant un fond haut et étroit, plissé très fin, très amidonné et soutenu par un carton de couleur. Une dentelle tuyautée encercle le fond, et une autre fait tout le tour de la coiffe. Cette dernière s’attache par un ruban noir se fixant sous le cou et terminé, de chaque côté de la tête, au dessus de chaque oreille, par une coque et un pan. »
Les pages 46 et 47 de l’ouvrage de Gabriel Jeanton (voir référence ci-dessus) sont expressément consacrées à la coiffe mâconnaise.


Histore de cette coiffe des Mâconnaises

Gabriel Jeanton (ouvrage cité, p. 15 et suivante), pense que la forme initiale du chapeau à cheminée (sans le deuxième niveau) aurait été importée d’Espagne en Franche-Comté puis en Bourgogne du Sud (Bresse). À noter que le chapeau espagnol à houppe était réservé aux duègnes espagnoles puis, en Franche-Comté et dans les Flandres, aux dames riches, ce qui a donné l’expression « une dame huppée ».

Le chapeau à la mâconnaise semblerait être apparu à l’époque de Louis-Philippe d’après Emile Violet. À noter que « brelot » pourrait désigner en patois un champignon ou dériver de l’espagnol « sombrero » qui a donné « porter son brero » puis « porter son brelot» puis « brelot ».

Pour approfondir cet histore :
Évolution et extinction de la coiffe mâconnaise, par Emile Violet, publié dans la Nouvelle revue des traditions populaires – T. 1, No. 1 (Janvier-Février 1949), p. 59-62. Consultable sur la plateforme Jstor.
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Eurêkoi – Bibliothèque départementale de Saône et Loire