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Quels documents sur l’œuvre de Daniel Buren et l’évolution de son esprit « anti-système » ?

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    Bibliothèque publique d’information – notre réponse actualisée le 05/02/2024.

    Portrait de Daniel Buren encadré de barres noires et blanches
    Montage eurekoi d’une photo de Pascal Ferro, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

    Daniel Buren, artiste français contemporain, a largement évolué a cours de sa carrière : de l’esprit « anti-système » de ses débuts (mai 68, groupe BMPT) jusqu’à sa coopération avec l’Etat français et un grand nombre d’institutions (musées, opéra, fondation Louis Vuitton …), le changement de positionnement semble franc.
    Quels documents sur l’œuvre de Daniel Buren et l’évolution de son esprit anti-système ? Et comment cela se reflète-t-il sur sa création ?

    Évolution de son esprit « anti-système » ? Prises de position de l’artiste Daniel Buren lui-même

    Pourquoi écrire ? de Daniel Buren, Beaux-Arts de Paris éditions, 2018.
    Présentation : Prises de positions théoriques, lettres ouvertes ou propos sur l’art invitent à une traversée de l’oeuvre de l’artiste et proposent également son point de vue sur certains des événements qui ont marqué l’art de cette époque. Les entretiens, réécrits par Daniel Buren, lui donnent librement la parole et les photographies inédites qui accompagnent les textes montrent celles et ceux qui l’ont souvent accompagné. Expliquer, dénoncer, répondre, argumenter, commenter, décrire sont, pour Daniel Buren, des actes étroitement liés à son travail plastique et qui permettent de mieux comprendre comment cette oeuvre radicale et engagée s’enracine profondément dans son époque, dans ses problématiques et reste en dialogue permanent avec ceux qui la construisent. [Source Electre : 4e de couv.]

    Les écrits, 1965-2012. Volume 1 1965-1995
    Présentation : Premier volume regroupant 225 textes publiés dans un premier temps à Bordeaux en 1991, révisés et augmentés de textes inédits pour cette édition. Chacun de ces écrits critiques et théoriques, descriptions de travaux, entretiens, notes de travail, lettres ouvertes, manifestes, tracts et textes de conférences, est remis dans son contexte afin de faciliter la compréhension.

    Les écrits, 1965-2012. Volume II 1996-2012
    Présentation : Rassemble les écrits théoriques : réflexions, articles et entretiens du sculpteur, datés de 1996 à 2012 expliquant processus créatif, son rapport à l’architecture et à l’espace et permettant de mieux comprendre son œuvre radicale.

    Sur l’évolution de cet esprit « anti-système » de Daniel Buren

    Mai 68 et puis quoi ?, par Paul Ardenne, revue Inter, n°129 « Mai 68 : cinquante ans plus tard », printemps 2018, consultable sur la plateforme erudit.org.

    Que l’événement Mai 68 (la contestation ambiante, l’affrontement avec la police, la remise en cause accélérée de tous les paternalismes et de tous les caporalismes) ait saisi l’art pour le secouer, voire le changer, n’est pas douteux. L’irruption, à Paris, de l’Atelier populaire des beaux-arts qui se constitue en collectif et opte pour un art anarchiste, facile à mettre en circulation et peu coûteux, les premières expériences in situ de Daniel Buren dans le quartier de l’Odéon, haut lieu de la délibération étudiante et culturelle, la pratique du cinétract par Chris Marker, remettant l’agit-prop sur le devant de la scène, les tableaux hautement politisés de Bernard Rancillac (Mai 68) ou de Gérard Fromanger (série Le Rouge), parmi d’autres entreprises esthétiques du même acabit, indiquent un recentrage de l’esprit de création sur le réel, l’immédiateté et le militantisme. Avec Mai 68, encore, la dénonciation hurlée de l’« art bourgeois » et le mépris affiché des artistes vendus au musée et à l’univers de la collection somptuaire se retrouvent subitement à la mode […]

    Art. cité, p. 21

    La figure de l’artiste-commissaire, de la carte blanche à l’exposition-œuvre, Rapport de travail dirigé (9cr.) par Cléa Tintané-Ducharme, Université du Québec, 2019.
    Il y est rappelé au chapitre 2, p. 25, que Daniel Buren, « dans son essai Fonction du musée, considère ce dernier comme un « refuge », le lieu où l’œuvre trouve « son cadre », à la fois « à l’abri des risques » mais aussi «à l’abri de tout questionnement » (Buren 1991 : 163). Cet essai est publié dans Les écrits, 1965-2012. Volume 1 1965-1995.

    De manière paradoxale, le musée est critiqué par le biais d’un mode opératoire qui tout en dénonçant le fonctionnement et le pouvoir de ce dernier vis-à-vis des œuvres laisse également transparaître la relation d’intérêt qui lie l’artiste et l’institution en stimulant la création d’installations produites dans et pour lui.

    Rapport de travail cité, p. 25

    Une approche relationnelle de l’exposition muséale : repenser la conception de l’expérience visitorielle dans les musées d’art à travers l’art conceptuel, par Marine Thébault, Thèse en Sciences de l’information et de la communication, Université Polytechnique Hauts-de-France, 2022, à consulter en libre accès sur la plateforme HAL.

    Comme le fait remarquer Daniel Buren, « le fait que le grand public perçoive trop souvent l’art contemporain comme hermétique, élitiste et extrêmement « difficile », est probablement dû à l’atmosphère mortellement sérieuse et à l’aura de « culture importante » qui règnent dans la plupart des musées. Même l’œuvre d’art la plus ludique devient pesante dans un musée. » (Buren, 1986/2011, p. 19)

    Thèse citée p. 41-42. Citation de Daniel Buren tirée de Le Décor et son Double. Gand : SMAK Stedelijk Museum voor Actuele Kunst.

    Daniel Buren. L’art(iste) para/site, par André-Louis Paré, revue Espace, n°17, automne 1991. À consulter sur la plateforme erudit.org.

    Certes, le travail sur commande de Buren conserve, à prime abord, sa dimension critique face au pouvoir culturel. On peut même dire que son grand mérite – ce qui dans son travail nous donne le plus à penser – est d’avoir su proposer visuellement la relation ambiguë qui s’installe entre l’artiste et le musée. D’avoir su, par conséquent, installer son travail critique à l’intérieur/extérieur des institutions visées. Cependant, cette forme parasite de son activité artistique, à force d’être répétée, ne perd-elle pas à la longue sa force de contestation? Ne risquet-elle pas de devenir, comme l’a déjà fait remarquer Y. Michaud 16, un rituel inoffensif qui s’est lui même institutionnalisé? C’est que, il faut bien l’avouer, le nom de l’artiste, désormais reconnu par le système de l’art, est devenu sa marque de commerce.

    Art. cité, §7, p. 50

    Pour approfondir sur l’œuvre de l’artiste

    Daniel Buren en quelques concepts clefs, textes extraits de l’album Monumenta 2012 de Daniel Buren, par Jean-Marie Gallais, mis à disposition sur le site du CNAP

    Biographie synthétique : dossier de presse de « Le musée qui n’existait pas », Centre Pompidou, 2002.

    Dossier pédagogique du Centre Pompidou : « L’oeuvre et son espace » : « Perturber l’espace public et urbain » :

    C’est dans une perspective picturale que Buren situe son travail, une peinture qu’il interroge et dont il met en scène les limites du fonctionnement. Buren, qui a toujours été le premier théoricien de son travail, accompagne ses œuvres et ses interventions de descriptifs détaillés, de notes et de photographies. Après avoir mis au point son dispositif pictural – des bandes alternées de peinture blanche et de couleur, larges de 8,7 centimètres, signe visuel invariable -, qui ne prend de sens et de forme que par rapport à un contexte, Buren crée la notion d’œuvre in situ.

    Document en ligne cité, partie « Mesurer l’œuvre à l’espace »

    Daniel Buren, par Guy Lelong, éd. Flammarion et Centre national des arts plastiques, 2001.


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