Bibliothèque publique d’information – notre réponse actualisée le 18/07/2023.
Si la Révolution française a constitué un moment-clé de l’histoire de France, apportant aux hommes l’acquis précieux des droits de l’homme et du citoyen, ce moment n’a pas été sans heurts ni sans sang versé. Quels documents consulter sur les morts célèbres au cours de la Révolution française, sachant que ce terme peut recouvrir ici aussi bien des exécutions ordonnées par la puissance publique que des assassinats commis par des particuliers ?
Mort par assassinat de figures célèbres sous la Révolution française
Crimes et procès célèbres de l’histoire d’Alix Ducret et Sabine de La Goutte, éd. Studyrama-Groupe Vocatis, 2009. Une partie de cet ouvrage est consacrée à l’assassinat de Marat par Charlotte Corday.
Un chapitre de l’ouvrage Les noblesses françaises dans l’Europe de la Révolution de Philippe Bourdin (Presses universitaires de Rennes, 2010), intitulé L’assassinat de Marat (13 juillet 1793). Honneur et reclassement nobiliaire pendant la Révolution française de Guillaume Mazeau, revient sur l’assassinat de Marat par Charlotte Corday et sur son sens.
C’est dans cette optique d’histoire sociale que l’on peut relire le geste en apparence insensé de Charlotte Corday, qui poignarde Marat le 13 juillet 1793. Certes, l’assassinat de l’Ami du Peuple est avant tout un acte politique. Mais il est également pensé comme un acte d’honneur et perpétré dans le cadre d’une stratégie de reclassement social. Il révèle ainsi d’autres aspects de l’engagement politique des nobles pendant la Révolution française.
Crimes célèbres, crimes oubliés, de Henry Buisson, éd. Puget, 1953.
Le tome II est consacré à : Ravaillac, regicide. Procès d’animaux. Friponneries de juger, réhabilitation d’un innocent. L’Attentat de Damiens. Charlotte Corday. Des Crimes de la terreur à la chute de Robespierre. Une Curieuse affaire de parricide.
Sur l’assassinat de la princesse de Lamballe, resté célèbre pour son atrocité, consulter cet article Mort de la princesse de Lamballe – Faivre sur le site Utpictura 18 de l’Université d’Aix-Marseille, qui cite le récit fait par l’historien Jules Michelet dans son Histoire de la Révolution française (1847-1853), Livre VII, Chapitre 6, le 3 et le 4 septembre [1792], consultable sur Gallica.
Sur les assassinats de Clermont-Tonnerre et de Le Peletier de Saint-Fargeau, consulter le chapitre « Anatomie de trois destins croisés de la haute noblesse vers la tentation révolutionnaire : Stanislas de Clermont-Tonnerre, Trophime-Gérard de Lally-Tollendal, Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau » par Michel Figeac, in Les noblesses françaises dans l’Europe de la Révolution de Philippe Bourdin, Presses universitaires de Rennes, 2010, en ligne sur Open Editions.
Le 10 août 1792, l’hôtel de Stanislas de Clermont-Tonnerre fut envahi par des émeutiers à la recherche d’un dépôt d’armes. Conduit devant le comité de sa section, son propriétaire parvint à se disculper, mais c’est sur le chemin du retour qu’un ancien cuisinier, qu’il avait congédié pour vol, le désigna à la vindicte populaire. Pourchassé par la foule, il tenta de se réfugier dans l’hôtel de Madame de Brassac mais, rattrapé au quatrième étage, il y fut défenestré. Ainsi se terminait tragiquement la brève carrière politique d’un des meilleurs orateurs de l’année 1789 […] (§25)
Finalement, le seul à quitter la scène en héros, en icône révolutionnaire, fut bien l’ancien seigneur de Saint-Fargeau, frappé le 20 janvier 1793 par le poignard du garde du corps du roi, Pâris, ce qui lui évita de se compromettre dans les excès de la Grande Terreur et de traverser Paris sur la charrette des condamnés. (§31)
Exécutions de personnages célèbres sur ordre de la puissance publique
Danton et Robespierre : le choc de la Révolution, de Loris Chavanette, éd. Passés composés, 2021.
Présentation :
Essai mettant en parallèle le destin de ces figures de la Révolution française, tous deux avocats et bourgeois, qui ont fréquenté les mêmes sociétés politiques et les mêmes amis tout en ayant à affronter les mêmes ennemis. Jeunes et déjà célèbres, ces orateurs passionnés ont gouverné la France par le discours avant d’être guillotinés la même année, en 1794, pendant la Terreur. ©Electre 2021
Robespierre de Hervé Leuwers (professeur à l’université de Lille, a été directeur des Annales historiques de la Révolution française), éd. Pluriel, 2016.
Présentation :
De toutes les destinées révolutionnaires, celle de Robespierre est l’une des plus singulières, l’une des plus discutées aussi, tant l’homme présente des visages multiples et paraît s’identifier aux contradictions de son temps. Est-il « l’Incorruptible » ou le « prédicateur de l’anarchie » (1791), « la colonne de la Révolution » ou un « tyran » (1794) ? Les interrogations se poursuivent après sa mort, en juillet 1794, lorsqu’on l’accuse d’avoir voulu accéder à la royauté par un « système de la terreur »… Au début du XIXe siècle, coexistent cette fois les images du « monstre », du « saint » et du traître bourgeois à la cause populaire.
En retraçant le parcours de Robespierre, Hervé Leuwers invite à dépasser cette sédimentation de représentations et de légendes, pour s’interroger sur l’émergence d’une exceptionnelle célébrité.
Saint-Just : la liberté ou la mort, de Michel Benoit, éd. de Borée, 2017.
Résumé :
Retrace les dernières heures du révolutionnaire et montre qu’outre Saint-Just, la terre de Nièvre a engendré beaucoup de personnages qui ont construit l’histoire de la France. ©Electre 2017
La mort de Louis XVI (21 janvier 1793) [Texte imprimé] : les causes historiques du drame, les dernières heures du Roi, son testament de Aimé Bonnefin, éd?, 1993.
Marie-Antoinette [Texte imprimé] : la captivité et la mort : les Feuillants, le Temple, la Conciergerie : d’après des relations de témoins oculaires et des documents inédits de G. Lenôtre, éd. Archéos, 2012.
Il existe d’ailleurs une biographie du bourreau de Marie-Antoinette, Charles-Henri Sanson : Charles-Henri Sanson : une vie de bourreau : 1739-1806 de Jean-Michel Derex, éd. de la Louve, 2017.
Pour aller plus loin
Recensions plus générales des assassinats et exécutions commis pendant la Révolution française
Histoire générale et impartiale des erreurs, des fautes et des crimes commis pendant la Révolution française, tome 3, de Louis-Marie Prudhomme (1752-1830), éd?, 1797. Différents massacres, coups de feu, guerres civiles et religieuses en différents lieux comme Toulouse ou Montauban, sont relatés.
En complément, vous pourrez consulter le Dictionnaire des individus envoyés à la mort judiciairement, révolutionnairement et contre-révolutionnairement pendant la Révolution : Tome 2 de l’Histoire générale des crimes commis pendant la Rév. franç. (et particulièrement sous le règne de la Convention nationale – 1796) de L.-M Prudhomme, éd?, 1796-1797.
Ce document comprend notamment les « noms, âges, lieux de naissance, qualité […] de tous ceux qui ont été guillotinés, fusillés, mitraillés ou noyés pendant la Révolution française, depuis le 14 Juillet 1789 jusqu’au 30 Vendémiaire, ou 30 Octobre 1796, avec les dates et les motifs des condamnations, le lieu et le jour de l’exécution ».
Réflexion sur la terminologie à employer concernant la mort donnée sous la Révolution française
Massacres, tueries, exécutions et meurtres de masse pendant la Révolution, quelles grilles d’analyse ?, par Jean-Clément Martin, La Révolution française. Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française, « Les massacres au temps de la Révolution française », 2011/3. Consultable sur Open Editions Journals.
Extrait de l’introduction :
Cette communication s’intéresse aux modes de dénomination des événements et à ce qu’elles comportent comme jugements implicites sur cet épisode historique. Un exemple suffit : faut-il parler de la mort, de l’exécution, du meurtre ou de l’assassinat de Louis XVI ? Le choix implique à l’évidence une certaine compréhension de la Révolution dans l’histoire de France, voire de l’Histoire elle-même. La question s’est posée pour les contemporains de l’événement et continue à se poser avec la même acuité, même si les habitudes historiographiques en ont atténué les aspérités.
Querelles historiennes sur la Révolution française : l’argumentation par le chiffre des victimes et les polémiques sur la qualification génocidaire, par Marc Angenot, dans la revue Argumentation et analyse du discours, n°23, 2019, consultable sur la plateforme Open Editions Journals.
Cette argumentation statistique devant les massacres de masse – évidemment très conjecturale – représente une démarche nouvelle issue du traumatisme occasionné par le bouleversement révolutionnaire et la Terreur. Elle engendre une forme contradictoire de pathos qui va devenir un propre de la modernité : un intense sentiment d’horreur refoulé qui ne trouve à s’exprimer que par le biais de « froides » additions de morts anonymes. Quant aux événements de la Vendée, ils suscitent dès 1795 la qualification néologique de « populicide » qui réapparaît en 1945 sous la forme « génocide ». De la Révolution aux guerres des deux siècles modernes, aux conquêtes coloniales et aux massacres de populations entières, historiens, démographes et économistes mais aussi les pacifistes ont repris jusqu’à nous la tâche de chiffrer les morts et d’en tirer argument.
Histoire d’une période particulièrement sanglante : la Terreur
Les politiques de la Terreur : 1793-1794, de Michel Biard(dir.), Presses universitaires de Rennes, 2008. La table des matières et des extraits sont consultables sur la plateforme en ligne Open Editions.