Médiathèques Montpellier Métropole – réponse du 16/04/2022.
Le camp Saint Laurent Les Arbres, autrement appelé Saint-Maurice l’Ardoise, est un ancien camp de concentration où étaient enfermés « 1 200 harkis et leurs familles de 1962 à 1976, dans des conditions indignes » (d’après l’article : ST-LAURENT-DES-ARBRES Près de 40 ans après la fermeture du camp, les Harkis se battent « pour la reconnaissance » par Thierry Allard, Objectif Gard, 01/08/2015).
Voici des ressources pour découvrir l’histoire et les drames de ce camp.
L’histoire du camp Saint Laurent les Arbres
Un ouvrage
Daniel Blancou retrace, en BD, l’histoire et les conditions des harkis dans ce camp à travers les témoignages de ses parents, qui y étaient instituteurs :
Retour à Saint-Laurent-des-Arabes par Daniel Blancou, Delcourt, 21/03/2012.
Résumé :
Robert Blancou et Claudine Cartayrade, jeunes instituteurs nommés aux postes de Saint-Maurice-l’Ardoise pour la rentrée de 1967, découvrent une réalité dont ils ignorent tout : la condition des Harkis dans les camps militaires. Sans véritablement mesurer l’impact des traumatismes endurés par les familles, ils tissent des liens privilégiés jusqu’à la révolte de 1975 qui mènera à la fermeture du camp.
Des articles de presse
Harkis : « On a mis des familles dans un camp de prisonniers » par Henri Frasque, Ouest France, 16/11/2021.
Extrait :
Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, le gouvernement français ordonne à l’armée de désarmer et renvoyer les harkis. 60 000 à 80 000 seront massacrés, selon l’estimation la plus couramment admise par les historiens.
Gard : hommage à 36 harkis et enfants enterrés sans sépulture à Saint-Laurent-des-Arbres par Fabrice Dubault, France 3 Occitanie, 26/09/2019.
Extrait :
Dans les années 60, des harkis, en majorité des enfants, y ont été enterrés par l’armée, sans sépulture décente. Le camp de transit et de reclassement a fonctionné jusqu’en 1976.
Un peu moins seuls à Saint-Laurent-des-Arbres, Le Monde, 06/07/1991.
Extrait :
» On nous a parqués dans des camps entourés de barbelés, dans des bâtisses en contreplaqué, loin des villes, sans doute afin que notre » arabitude » ne contamine pas la population « , écrira Abdelkader Aïnine, le président de Trait d’union harkis.
Les enfants de harkis, une jeunesse dans les camps par Régis Pierret, dans Pensée plurielle, 2007/1 (n°14), p.179 à 192.
Extrait :
Si tous les enfants de harkis n’ont pas grandi dans des camps. Cependant, cette expérience tragique demeure omniprésente dans les discours. Si seule une minorité est restée dans ces « centres », ils font partie de l’histoire communautaire. C’est pourquoi il est nécessaire de revenir sur cette période méconnue. L’existence des camps ne témoigne-t-elle pas du malaise qu’ont suscité les harkis ?
Une revue
Camp de Rivesaltes, camp de Saint-Maurice l’Ardoise (Saint Laurent des arbres) : l’accueil et le reclassement des Harkis en France (1962-1964) par Moumen Abderahmen, Revue Les Temps modernes, 2011, n° 666, novembre-décembre, p. 105-119 (disponibles sur le portail des Médiathèques de Montpellier)
Un processus de reconnaissance du traitement infligé aux habitants du camp
En quête de reconnaissance
ST-LAURENT-DES-ARBRES Près de 40 ans après la fermeture du camp, les Harkis se battent « pour la reconnaissance » par Thierry Allard, Objectif Gard, 01/08/2015.
Extrait :
« C’était une prison militaire » explique le militant, qui parle au sens propre comme au figuré, puisque le camp de Saint-Laurent-des-Arbres, aujourd’hui toujours terrain militaire, a servi de camp de prisonniers de l’occupation durant la seconde guerre mondiale, puis pour les algériens suspectés de faire partie du FLN et enfin brièvement pour les partisans de l’Algérie française et membres de l’OAS. En 1962, à la fin de la guerre d’Algérie, il devient un « camp de transit de reclassement » pour les Harkis. A partir de cette date, le camp accueille des familles complètes dans des baraquements de tôle puis en dur, dans des conditions de vie pour le moins spartiates réglées par une discipline militaire.
Cérémonie au camp de Harkis de Saint-Laurent-des-Arbres par Ambre Lefevre, France 3 Occitanie, 02/08/2015.
Extrait :
Quarante après la fin des camps pour Harkis, ceux qui avaient vécu dans celui de Saint-Maurice-L’Ardoise dans le Gard ont pu revenir sur le site. Un premier pas vers une reconnaissance de ce traumatisme.
La douloureuse mémoire des enfants morts dans les camps de Harkis sort de l’oubli, La Croix, 23/09/2020.
Extrait :
Une autre association locale, l’Aracan, qui effectue depuis des années des recherches sur les lieux de mémoire harkis, affirme avoir fait récemment une « découverte historique »: l’existence d’un autre cimetière d’enfants dans l’actuel camp militaire de Saint-Laurent des Arbres et qui serait connu des autorités depuis… 41 ans. Le terrain, aujourd’hui, est une clairière plantée de chênes, au bord d’une route, a constaté l’AFP.
Les avancées de cette reconnaissance
Harkis du Gard : « On vivait comme des lépreux à qui on n’a pas voulu tendre la main, on a hâte » par Tony Selliez et Sylvie Duchesne, France Bleu Gard Lozère, 20/09/2021.
Extrait :
Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron a « demandé pardon » hier (lundi) aux harkis au nom de la France. Le chef de l’Etat a annoncé un projet de loi de « reconnaissance et de réparation » à l’égard de ces Algériens ayant combattu aux côtés de l’armée française. « Après la guerre d’Algérie, la France a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants« , a reconnu le chef de l’Etat en s’exprimant à l’Elysée devant quelque 300 représentants de cette communauté estimée à 800.000 personnes.
SAINT-LAURENT-DES-ARBRES Les Harkis rendent hommage à leurs « Justes » par Thierry Allard, Objectif Gard, 17/12/2019.
Extrait :
C’est un aspect méconnu de l’histoire tourmentée des Harkis que la Coordination harka a voulu mettre en lumière dans cette commune symbolique, celle du camp de Saint-Maurice l’Ardoise, dans lequel des centaines de Harkis ont été concentrés après leur rapatriement sur le sol français. L’histoire de ces « Justes », comme la Coordination les présente, « qui ont aidé au rapatriement, accueilli ou aidé au risque de leur vie des Harkis », lance l’historienne Fatima Besnaci-Lancou.
Saint-Laurent-des-Arbres : une ministre attendue au camp des harkis de Saint-Maurice l’Ardoise ce vendredi par Thierry Mbom, Midi Libre, 20/04/2023.
Extrait :
Ce vendredi 21 avril 2023, Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des armées, chargée des anciens combattants et de la mémoire visitera le site du camp de Saint-Maurice l’Ardoise à Saint-Laurent-des-Arbres, dans le Gard.
Pour aller plus loin…
Des recherches sur les harkis
À voir : Les harkis : algériens et combattants pour la France
Podcast
La réparation du préjudice causé par la France aux Harkis, sur France Culture, 23/11/2022
Extrait :
La récente loi du 23 février 2022 portant reconnaissance de la Nation envers les Harkis « qu’elle a abandonnés lors du processus d’indépendance de l’Algérie » et veut faire « réparation des préjudices subis par ceux-ci et leurs failles du fait de l’indignité de leurs conditions d’accueil et de vie dans certaines structures sur le territoire français ». Celle-ci parviendra-t-elle à mettre un terme définitif à ces atermoiements ?
Ouvrages
L’Art de perdre d’Alice Zeniter, éd. Flammarion/Albin Michel, 2017.
Une partie de ce roman, très bien documenté, évoque la vie dans un autre camp de harkis en France, le camp de Rivesaltes.
Résumé :
L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.
Les harkis de Fatima Besnaci-Lancou, éd. Le cavalier bleu, 2008.
Résumé :
Examen et réfutation d’idées reçues sur les supplétifs de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, la façon dont ils ont soutenu l’OAS, leur accueil en France après leur rapatriement en 1962, la reconnaissance de leur tragédie par l’Etat français, etc.
Les Français musulmans en Vaucluse, 1962-1991 : installation et difficultés d’intégration d’une communauté de rapatriés d’Algérie, d’Abderahmen Moumen, éd. L’Harmattan, 2003.
Résumé :
Retrace le quotidien d’une communauté de Français musulmans, rapatriés d’Algérie dès la fin de la guerre d’Algérie en 1962, installée dans le Vaucluse. Montre alors les difficultés de l’intégration des harkis qui subissent tout d’abord assistanat et ségrégation spatiale avant que la révolte de 1975 ne permette un semblant d’intégration pour eux.