Quelles sont les limites géographiques précises du quartier latin à Paris ? – La place Maubert en fait-elle partie ?
Notre réponse Bibliothèques de la ville de Paris du 11/12/2018 :
On peut répondre à votre question en reprenant les mots d’Henri Bourrelier, auteur d’un ouvrage sur La Vie du Quartier-Latin : des origines à la cité universitaire, qui écrivait en 1936 : « Il est assez malaisé d’attribuer au Pays-Latin (qui, plus tard, s’est appelé Quartier-Latin, et en bref, le Quartier) d’exactes limites. C’est un pays qui ignore les divisions administratives, une province irréelle dont la topographie est purement idéale. En réalité, c’est un secteur de Paris, englobant la plus grande partie de la rive gauche, où, depuis le Moyen-Âge, maîtres, étudiants et suppots, ont formé la grande majorité de la population. Nos manuels et guides, pour simplifier grossièrement, confinent le Quartier-Latin dans le 5 arrondissement actuel, l’arrondissement dit des Ecoles, et dans le 6 arrondissement qui est dit « du livre », mais cette définition est tout-à-fait arbitraire. Au Moyen-Âge, le Pays-Latin s’étalait à peine sur l’emplacement de ces deux arrondissements. Sous Philippe-Auguste, il a connu des limites exactes. Il était borné au nord, par la Seine et, pour le surplus, par une enceinte fortifiée dont les portes étaient fermées […]. Depuis, le Quartier-Latin a essaimé à travers toute la rive gauche et la Cité Universitaire a reculé ses limites jusqu’aux abords des villes de Montrouge et de Gentilly… »
Pas de frontières précises en effet à ce « pays », mais le centre originel en est la Sorbonne et la montagne Sainte-Geneviève, et il englobe « le Collège de France […], les lycées Louis-le-Grand, Saint-Louis, Fénelon, Henri-IV, le collège Sainte-Barbe, la bibliothèque Sainte-Geneviève, l’Ecole de Droit, l’Institut, l’Ecole des Beaux-arts […], l’Ecole et l’Académie de Médecine […], le Muséum […], le Val-de-Grâce, l’Observatoire […], sans oublier le théâtre de l’Odéon, le jardin du Luxembourg… »
Dans Paris et son université : le quartier latin de Philippe-Auguste à nos jours : exposition organisée [à la] Mairie du 5e arrondissement [du] 21 septembre [au] 27 octobre 1985, on voit que « Le XIIe siècle vit l’enseignement […] s’évader de l’île de la Cité et, par le petit Pont […], gagner la rive gauche où, d’abord à proximité du fleuve, il s’empara des lieux tels que la place Maubert… ». Au début du XIIIe siècle, Philippe-Auguste accorde ses premiers privilèges à l’Université de Paris et, pendant le siècle, « l’enseignement se mit à coloniser les pentes de la montagne Sainte-Geneviève, emplacement principal de l’ancienne ville romaine… » C’est dès cette époque que notre Quartier-Latin prend forme, «partie de Paris située sur la rive gauche, vouée à la prière et à l’étude » et « ainsi nommé parce que pendant des siècles le latin y resta pratiquement la seule langue en usage… ». Par la suite, à l’époque moderne, une multitude de nouveaux collèges prennent la relève de ceux de l’Université, relayés à leur tour par la nouvelle Université créée par Napoléon, les lycées, les grandes écoles, et la bibliothèque Sainte-Geneviève…
En résumé, les limites du Quartier-Latin sont donc imprécises (rien d’administratif, même aux origines), mais il est certain que la place Maubert fut dès le Moyen-Âge inclus dans cet espace.
En espérant avoir répondu à votre attente,
Cordialement,
Bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Paris
Eurêkoi – Bibliothèques de la Ville de Paris
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