Quelles pistes bibliographiques me conseilleriez-vous sur la poésie américaine ?

Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 08/03/2022.

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Accompagnée d’un développement sans précédent de la lecture publique (reading), la poésie américaine connaît un âge d’or à partir de 1960 ; préparée par les œuvres des précurseurs Pound, Williams et Gertrude Stein, son épanouissement ne se confond pas avec l’essor de la beat generation ; les objectivistes des années 1930, le groupe du Black Mountain College (autour de 1960) et l’école de New York représentent quelques-unes des tendances les plus cohérentes d’un phénomène poétique à la dimension des États-Unis ; les poètes qui ont contribué à cette explosion de poésie ont créé un vers libre nouveau, à la fois écrit et oral, indépendant de la tradition anglaise, et capable de faire entendre toutes les voix qui ont fait l’Amérique d’aujourd’hui.
Source :
L’essor de la poésie américaine contemporaine par Jacques Roubaud, Encyclopedia Universalis.
Eurêkoi vous propose une sélection d’ouvrages pour découvrir la poésie américaine contemporaine.

Sélection de poétesses américaines

Nous vous recommandons d’abord le prix Nobel de littérature 2020 et poétesse américaine, Louise Glück.
La poétesse américaine Louise Glück, prix Nobel de littérature 2020 par Liliane Charrier avec AFP, information.tv5monde.com, actualisé le 24/12/2021.
Extrait :
« Choix pointu et audacieux pour ce prix Nobel de Littérature 2020, Louise Glück est couronnée « pour sa voix poétique caractéristique qui, avec sa beauté austère, rend l’existence individuelle universelle« , a annoncé l’Académie suédoise en lui décernant le prix. Le président du comité, Anders Olsson, lui, salue une poétesse du changement radical et de la renaissance. »
Elle n’a jamais été éditée en France, mais certains de ses poèmes ont été traduits et publiés par la revue Po&sie dès 1985.
Pour En attendant Nadeau, le journal de la littérature, des idées et des arts, l’un de ses traducteurs, Claude Mouchard, expose ce qui l’a porté vers cette œuvre :
Louise Glück : une inquiétante familiarité par Claude Mouchard, le 09/10/2020.
Extrait :

Les enfants noyés » : je relis ce poème de Louise Glück – ou plutôt la traduction parue dans le n° 34 de Po&sie (au troisième trimestre de 1985) :
Tu vois, ils n’ont pas de jugement.
Alors il est naturel qu’ils se noient,
d’abord la glace les prend
et puis, tout l’hiver, leurs écharpes de laine
flottant derrière eux ils s’enfoncent
jusqu’à se taire enfin ?
Et la mare les soulève dans ses multiples bras noirs.

Portrait de Louise Glück pour une lecture au Museum contemporain de Chicago

Nuit de foi et de vertu : poèmes
Louise Glück, Éditions Gallimard, 2021.
Résumé :
« Recueil de poèmes qui explorent les mystères du début et de la fin d’une histoire, pouvant être ceux d’une vie. A reçu le National Book Award for poetry en 2014. 
Ce sont des fragments de récit, mêlant impressions fugaces et détails, qui se répètent et se font écho. Le je qui raconte un souvenir surgi de son passé peut être celui d’une femme dans un poème, puis d’un homme dans le suivant. D’ailleurs s’agit-il d’un moment vécu ou d’un rêve ? Car la forme d’épopée intime propre au rêve, dont les libres associations viennent sans cesse dévier la trajectoire, semble se confondre avec celle du poème. Dans une écriture d’une grande musicalité, dont la beauté vient en partie de l’extrême simplicité, d’amples visions poétiques se déploient, portées par des voix toujours au bord de la confession. Dans cette partition magistrale, Louise Glück parvient une fois de plus à restituer à l’expérience humaine toute son énigme.
»


Amanda Gorman à la bibliothèque du Congrès, en 2017.

En 2021, la presse a également beaucoup parlé d’Amanda Gorman :
La jeune poétesse américaine Amanda Gorman va être publiée en français par le journal LaCroix avec AFP (Agence France Presse), le 17/02/2021.
Extrait :
Amanda Gorman, 22 ans, originaire d’un milieu modeste et de Los Angeles, avait remporté son premier prix de poésie à 16 ans, et été couronnée du titre de « meilleur jeune poète » du pays trois ans plus tard alors qu’elle étudiait la sociologie à la prestigieuse université Harvard.

La colline que nous gravissons =The hill we climb : Poème inaugural pour le pays (édition bilingue) d’Amanda Gorman, Éditions Fayard, 2021.
Résumé :
« Recueil dont le poème éponyme a été partiellement écrit en réaction à l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump en janvier 2021 et déclamé lors de la cérémonie d’investiture du président Joe Biden. » ©Electre 2021.


Les éditions Corti publient Way de Leslie Scalapino dans leur collection Série américaine.
Traduction d’Isabelle Garron et E. Tracy Grinnell.
Leslie Scalapino (1944-2010), poète, essayiste américaine est le plus souvent associée aux Language Poets aux États-Unis, bien que son travail ait également été profondément influencé par les Beat Poets et la pensée bouddhiste.
Ses liens avec les traditions modernistes radicales, traversant les contextes d’écriture de la langue et son engagement pour une « rébellion conceptuelle continuelle » mis en évidence dans ses premières œuvres ont placé Scalapino au cœur d’une avant-garde américaine. Son écriture défie les genres, repousse les limites mêmes du concept de perception du lecteur, souhaitant inviter quiconque à une expérience entièrement nouvelle non seulement de la lecture, mais d’une vision du monde.
Extrait sur le site de l’éditeur.


Deux poétesses expérimentales : 

Susan Howe, née en 1937 à Boston est l’une des poètes majeures de sa génération, reconnue principalement pour sa poésie expérimentale
… et Anne Waldman, poétesse et performeuse états-unienne qui a fréquenté tous les grands de la Beat Generation.


Sélection de poètes américains

Charles Reznikoff (1894-1976) est l’une des grandes figures de la poésie américaine du XXème siècle. Il fait partie des poètes qui, à partir des années trente aux États-Unis, et sous le parrainage de William Carlos Williams, sont à l’origine du mouvement objectiviste, avec Louis Zukofsky, George Oppen et Carl Rakosi.
Extrait de Inscriptions de CHARLES REZNIKOFF Editions Nous

Disparition : John Giorno, la poésie sans entraves par Olivier Lamm, Liberation.fr, le 13/10/2019.
Extrait :
« Né en 1936 à New York, arrivé à la littérature dès l’adolescence, John Giorno n’avait pas attendu de rencontrer Warhol ni d’en tomber amoureux pour entrevoir que l’art pourrait – devait – aider la poésie à revenir au centre de la création. Estimant que cette dernière se trouvait tristement reléguée à sa forme, héritée de l’âge classique, de vers imprimé sur du papier, il fut parmi ceux qui travaillèrent le plus vigoureusement à la faire muter dans des formes qui lui permettraient de participer plus radicalement à la société. Collages, musique, affiches, manifs : la poésie de plus en plus engagée de Giorno (contre la guerre du Vietnam, pour la communauté queer) se devait d’être sonore, électrique, agitée. »

Il faut brûler pour briller
John Giorno, Éditions Al Dante, 2003.
Résumé :
« Recueil de dix-sept poèmes écrits entre 1973 et 1994 dans lesquels sensualité et crudité se mêlent aux litanies incantatoires. Des noms ou des actes essentiels aux yeux de l’auteur sont parfois évoqués : Keith Haring, Andy Warhol, la fondation du Aids treatment project, etc3. »

Pour vous familiariser avec la poésie américaine contemporaine, nous vous recommandons la « Collection américaine » des éditions Joca Seria qui est une collection américaine dirigée par Olivier Brossard.
Celle-ci permet d’avoir un aperçu de la création contemporaine (Charles Simic, Ron Padgett, Charles Bernstein…)

Anthologie de poésie américaine

Gertrude Stein devant le drapeau américain

Women : une anthologie de la poésie féminine américaine du XXe siècle d’Olivier Apert, Temps des cerises, 2014.
Ce recueil bilingue rassemble plus de quarante poèmes écrits par trente-cinq auteures, dont Sylvia Plath, Anne Sexton, Gertrude Stein et Dorothy Parker, réunies, selon l’anthologiste, par « l’alliance secrète, la communauté éparse qui rassemblent la parole sensible de ces femmes ».
Toutes transgressent « ce lieu dévolu qui tacitement leur est encore réservé : le rôle de femme », censé se caractériser par la discrétion. « Dans un essai consacré à la littérature américaine, un critique émettait de graves réserves, reprochant notamment à Sylvia Plath et Anne Sexton une tendance à l’exhibition impudique : voilà désigné peut-être l’essentiel tabou, l’indécence. »

Le livre du mois par Catherine Dufour pour Le Monde diplomatique, février 2015.
Loin de toute prétention à l’exhaustivité, Olivier Apert invite simplement à l’écoute de voix. Puissantes, poignantes, elles sont parfois d’une ironie cinglante, comme celle de Parker : « Je hais les Femmes ; Elles me portent sur les nerfs. Il y a celles d’Intérieur. Les pires. (…) Je hais les Hommes ; Ils m’exaspèrent. Il y a les Penseurs Sérieux — Il devrait exister une loi contre eux. »

Lecture de la poésie américaine de Serge Fauchereau, Éditions Somogy, 1998.
Résumé :
Sur la richesse et la variété de la poésie américaine tout au long du XXe siècle, de Edgar Poe à Wallace Stevens.

Je transporte des explosifs, on les appelle des mots : poésie & féminismes aux Etats-Unis : essai de Jan Clausen et anthologie de poèmes de Jan Clausen, Éditions Cambourakis, 2019.
Résumé :
« Ecrit en 1982, cet essai de la poétesse féministe Jan Clausen propose des pistes sur les raisons de l’implication de nombreuses poétesses dans les mouvements féministes des années 1970 et 1980 aux Etats-Unis. Il est suivi d’une anthologie de poèmes des années 1970 à 2010, signés par des auteures telles que Audre Lorde, Dorothy Allison ou Rita Mae Brown. » ©Electre 2019.


Pour aller plus loin…

À réécouter

Quatre épisodes dédiés à la romancière, poétesse et essayiste américaine Sylvia Plath (1932-1963).
Sylvia Plath et le paradis perdu (4 épisodes), dans l’émission La Compagnie des œuvres par Matthieu Garrigou-Lagrange, France Culture, le 08/03/2021.
Épisode 1 : Une vie bousillée
Présentation :
Dame Lazare » : C’est ainsi que la poétesse, romancière et essayiste américaine Sylvia Plath se baptise dans son recueil inachevé Ariel. La Compagnie des œuvres retrace aujourd’hui l’existence de cet esprit brillant, précocement consumé, fondu « en un seul cri .

Épisode 2 : L’indomptable fureur d’écrire
Présentation :
Lorsque Sylvia Plath se donne la mort le 11 février 1963, « La cloche de détresse », son premier roman, a paru un mois plus tôt. Elle le laisse dans son sillage, ainsi qu’un recueil de poésie publié en 1960, « Le Colosse ». Son brillant destin littéraire l’attend par-delà la mort.

Épisode 3 : Le livre à venir de Sylvia Plath
Présentation :
Aujourd’hui, La compagnie des œuvres interroge la question du biographique chez Sylvia Plath, mais également sa conception de l’écriture féminine à la lumière de celle d’Hélène Cixous, ainsi que les liens entre sa littérature et le mouvement du Pop-Art.

Épisode 4 : Sylvia et Ted, un cercle magique
Présentation :
Quelle fut la nature de la relation amoureuse et littéraire des époux Sylvia Plath et Ted Hughes ? Que dire du rapport de Plath au divin, à la maternité ? La compagnie des œuvres explore ces questions dans un quatrième et dernier épisode dédié à l’autrice d’Ariel.

À découvrir :
Les œuvres essentielles de la poétesse américaine qui se donna la mort à 31 ans sont présentées dans une version complète basée sur les manuscrits originaux :
Œuvres : poèmes, roman, nouvelles, contes, essais, journaux de Sylvia Plath, Éditions Gallimard, 2011.
Pour la première fois réunies en un seul volume, les œuvres essentielles de Sylvia Plath (1932-1963), auteur majeur de la poésie américaine de l’après-Seconde Guerre mondiale, devenue l’objet d’une vénération qui ne faiblit pas, depuis sa mort prématurée et brutale à l’âge de trente ans. Son écriture est fondée sur l’expérience privée des conflits et des désordres du moi, de la situation de la femme dans la culture.La vie est inséparable de l’écriture : « Je ne peux me contenter du travail colossal que représente le fait de simplement vivre. Oh non, il faut que j’organise la vie en sonnets et sextines, procure un réflecteur verbal à l’ampoule de soixante watts que j’ai dans la tête » (Journaux, 14 mai 1953) ; et la création est vouée à la fluctuation entre le sentiment de toute-puissance et l’angoisse de l’anéantissement. Comme s’il fallait au sujet atteindre « le fond », en quelque sorte mourir, pour refaire surface, renouer avec les forces de l’être, renaître…


Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information