Pourquoi les humains grandissent-ils de plus en plus au fil du temps ?
Bibliothèque publique d’information – notre réponse actualisée le 21/10/2024.
Selon le site de La Ligue contre l’obésité : En 2020, le « Français moyen » mesure près d’1,77 mètre et pèse plus de 81 Kg (79 Kg en valeur médiane, moins sensible aux valeurs extrêmes), la « Française moyenne », elle, mesure 1,64 mètre et pèse en moyenne un peu plus de 67 kg (64 Kg en valeur médiane). Les Français ont encore un peu grandi et grossi depuis ces 8 dernières années […]
Si les hommes européens ont gagné 11 cm entre 1870 et 1980, il semble qu’aujourd’hui nous ayons atteint un plafond. En 2016, une grande étude est parue sur l’évolution de la taille humaine chez l’adulte en l’espace de 100 ans, dans la revue scientifique eLife (en anglais) : A century of trends in adult human height par NCD Risk Factor Collaboration (NCD-RisC), 26/07/2016.
Taille moyenne des Européens
La corpulence moyenne des Français, et surtout des Françaises, est la plus faible d’Europe. La taille moyenne des Européens augmente du sud au nord, mais ce n’est pas le cas de la corpulence. En revanche, dans tous les pays européens, et particulièrement en France, les caractéristiques corporelles divergent fortement selon les caractéristiques sociales. La corpulence augmente avec l’âge et diminue avec le niveau d’études, et les variations sont beaucoup plus importantes pour les femmes. Elle diminue avec le revenu pour les femmes, mais augmente pour les hommes. […]
Les variations importantes entre pays européens donnent une certaine réalité aux clichés du grand Scandinave et du petit Méditerranéen. Avec 1m79 pour les hommes et 1m66 pour les femmes, les tailles moyennes sont les
plus élevées au Danemark, tandis qu’elles sont les plus faibles au Portugal (figure 2). Les Français occupent une position intermédiaire avec une taille moyenne de 1m75 pour les hommes et de 1m62 pour les femmes. Comme
le notait déjà Adolphe Quetelet en 1871, les habitants des parties septentrionales de l’Europe sont généralement plus grands que les méridionaux. Par ailleurs, plus la taille moyenne des habitants du pays est élevée, plus l’écart entre les tailles des hommes et celles des femmes est important. Suédois et Suédoises ont un écart
moyen de 14 cm, alors qu’il est inférieur à 10 cm entre Portugais et Portugaises.Corps et appartenance sociale : la corpulence en Europe de Thibaut de Saint Pol, Insee Références, paru le 01/05/2006.
L’article Human Height (Taille humaine en français) par Max Roser, Cameron Appel et Hannah Ritchiedans OurWorldInData.org, révisé en janvier 2024, propose des éléments de réponse, accompagnés de plusieurs graphiques :
Extrait :
La malnutrition et les maladies infantiles limitent la croissance humaine. Par conséquent, la taille moyenne d’une population est étroitement liée à son niveau de vie. L’étude de la taille humaine est donc pertinente pour les historiens qui souhaitent comprendre l’histoire des conditions de vie. L’amélioration du niveau de vie matérielle ayant pour effet de rendre les individus plus grands, la taille humaine est utilisée comme mesure indirecte du niveau de vie. Elle est particulièrement pertinente pour l’étude des conditions de vie à des périodes pour lesquelles il n’existe que peu ou pas d’autres données, ce que les historiens appellent la période pré-statistique.
À visionner :
Os et croissance, sur la chaîne YouTube : Le blob, l’extra-média, un épisode de la série « POM Bio à croquer, le 06/03/2018, produit par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Résumé :
Les humains connaissent des phases de croissance à plusieurs vitesses. Très rapides en tant que fœtus et nourrisson, plus lentes en tant qu’enfant, la croissance s’accélère à la période de la puberté puisque l’adolescent grandit de 9 à 10 cm dans l’année, avant de se stabiliser vers 15-16 ans pour les filles et 18-19 ans pour les garçons. Ce développement s’observe aux extrémités des os longs où les cellules prolifèrent, comme l’explique l’endocrinologue Jean-Claude Carel.
Évolution de la taille : vers un état de plafonnement ?
Taille et durée de vie : « Les pays développés sont arrivés à un état de plafonnement sur France Info TV, mis à jour le 21/02/2018.
Dans cet article, Jean-François Toussaint, directeur de l’IRMES (Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport), rapporte que :
Les hommes ont atteint leur limite de taille et leur durée de vie maximum. C’est le constat mercredi 21 février d’une étude de l’IRMES. Cela va limiter aussi les futures performances sportives, estime mercredi sur Franceinfo Jean-François Toussaint, directeur de l’IRMES.
Jean-François Toussaint, Professeur de physiologie à Paris Descartes. Fellow de Harvard, il dirige l’Institut de Recherche bio-Médicale et d’Epidémiologie du Sport (IRMES).
À écouter :
Écoutez ce chercheur dans cette courte conférence Les limites de Sapiens sont-elles atteintes ? sur le site de l’INRAP (Institut national de recherche archéologiques préventives).
Présentation :
Nous sommes en train d’atteindre simultanément tous nos plafonds : dans le sport, la santé, l’économie, les sciences, la recherche… Cela fait 30 ans que l’humanité cesse de progresser : taille maximale, durée de vie maximale, records sportifs, énergie par habitant. La démonstration est à la portée de tout jeune chercheur enthousiaste. Notre avenir est particulièrement dépendant des déréglements mondiaux, dont le climat n’est que l’une des très nombreuses facettes. L’humanité constate une possible fin de sa croissance, ayant besoin de croire à l’impossible, elle se cherche une espérance nouvelle.
Pour aller plus loin…
La taille des Parisiens en 1793 par Jacques Houdaille In Population, 1983, pp. 173-177.
Extrait :
Les études sur la taille dans des populations non sélectionnées sont très rares pour le xvin » siècle. Les résultats que nous présentons ici confirment les fortes différences entre classes sociales. Leur principal intérêt est de montrer qu’à Paris, la croissance ne se poursuivait pas jusqu’à 25 ans, ce qui ne veut pas dire qu’il en allait de même dans les populations paysannes dont l’alimentation devait être moins riche en protéines (5> et qui étaient
certainement soumises à un travail physique plus précoce et plus dur que les Parisiens.
La croissance plus lente des campagnards est à rapprocher de la moindre fécondité des femmes avant vingt et même vingt-cinq ans. Les résultats auxquels nous parvenons ici à propos des Parisiens incitent à penser que dans les grandes villes on parvenait plus tôt à la maturité physique. Cette possibilité reste à préciser par des études approfondies sur la fécondité des citadines.
L’accroissement de la stature en France de 1880 à 1960 ; comparaison avec les pays d’Europe occidentale par M.-C Chamla, Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, 1964, pp. 201-278.