Pourquoi l’eau de la Garonne est-elle de couleur marron au niveau de Bordeaux ?
Le Grand dictionnaire de Bordeaux sous la direction de Mario Graneri-Clavé (2006) nous apporte une explication simplifiée du phénomène de coloration de la Garonne : « La couleur de son eau est brunâtre à cause du bouchon vaseux, masse d’alluvions ballottée par le jeu de la marée, qui ne se dépose ni ne s’évacue. »
Le livre Mascaret, l’onde lunaire d’Antony Colas (2014) nous apporte quelques précisions supplémentaires :
« La convergence, eau douce en amont de l’estuaire et eau salée, donc plus dense, en aval, va créer près du fond, un courant résiduel dirigé vers l’amont. Ce sont ces mouvements résiduels de l’eau qui provoquent un piégeage des sédiments. A l’endroit où la remontée de l’eau de mer devient plus forte que la poussée du fleuve se forme ce que l’on appelle le « bouchon vaseux » qui présente des teneurs en suspension 10 à 100 fois supérieurs aux autres zones de l’estuaire. »
Le taux de turbidité de la Garonne est mesurée par le réseau d’observation automatisée de la Gironde MAGEST qui a pour objectif de suivre en continu la qualité physico-chimique des eaux de l’estuaire de la Gironde. Ainsi, un document .pdf fait par des universitaires montre clairement que la turbidité des eaux de la Garonne est très fluctuante. La table 1, notamment, montre que la zone de turbidité maximum (bouchon vaseux) est maximale en été et minimale en hiver. Cela est relatif au débit de la Garonne qui est maximal en hiver (les mois de février et mars étant les plus abondants) et minimal en été.
Mais si globalement la turbidité est minimale en hiver, il faut aussi tenir compte de l’heure des marées dont l’influence est déterminante dans le phénomène.
N’oublions pas également que la Garonne sur son long parcours reçoit des déchets de différentes nature et en quantité. Stations d’épuration, rejets d’Industrie, engrais de cultures, eaux tièdes de la centrale de Golfeich… Christian Benard dans son livre La Garonne (1993) écrivait :
« Si, en accostant au pied des Chartrons, nous additionnons ce que les industries devant lesquelles nous avons défilé rejettent chaque jour dans la Garonne, nous obtenons l’inventaire suivant : 57 tonnes de boue, 62 tonnes de matières oxydables, 10 tonnes d’azote, 5 tonnes de phosphore, des quantités non négligeables de métaux lourds et des toxiques variés.»
Eurêkoi – Bibliothèque municipale de Bordeaux