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Pourquoi la famine existe-t-elle en Afrique ?


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    Bibliothèques d’Amiens – notre réponse du 24/09/2021.

    arbre desséché par le soleil
    © Jan Kroon / Pexels

    Si la famine en Afrique est souvent associée à des causes « naturelles » comme la désertification ; une analyse plus rigoureuse révèle qu’elle est souvent due à l’action humaine : guerres, politiques défaillantes, épuisement et vol des terres, commerce international, injustices sociales…Parler de la faim en Afrique implique donc tout d’abord de sortir des idées reçues.

    L’Afrique est-elle le continent le plus touché par la faim ? Selon un rapport de l’organisation des Nations Unies, la faim dans le monde s’est aggravée de façon spectaculaire en 2020. Depuis 2010, la situation n’a fait qu’empirer. On estime qu’environ 9,9 % de la population mondiale était sous-alimentée en 2020, contre 8,4 % en 2019. Et les pays d’Afrique sont parmi les plus touchés. « Plus de la moitié des personnes sous-alimentées vivent en Asie (418 millions) ; plus d’un tiers (282 million) en Afrique. Mais la plus forte augmentation de la faim a été enregistrée en Afrique« . En Afrique de l’Est, on estime qu’une personne meurt de faim toutes les 48 secondes, selon un rapport d' »Oxfam » et de « Save the children ».

    Qu’est-ce que la famine ?

    On trouvera, dans cet article du « Monde des ados » du 04/04/2017, la définition de la famine selon l’Organisation des Nations Unies : le taux de mortalité est supérieur à 2 personnes pour 10 000 chaque jour, le taux de malnutrition (alimentation mal équilibrée ou en quantité insuffisante) est au-dessus de 30 % et les habitants ont accès à moins de 2 100 calories et moins de 4 litres d’eau par jour.


    La faute à la « nature » ?

    Cette vidéo de C Jamy sur France TV éducation : Climat, quand le désert gagne du terrain, montre que la désertification menace plus de 40 % des sols en Afrique. Causes climatiques ? Certes, mais pas seulement. L’appauvrissement et la dégradation des sols sont liés principalement aux activités humaines. Parmi celles-ci, nous dit Jamy : l’exploitation agricole intensive, le surpaturage, l’exploitation minière et forestière.

    Les causes dites « naturelles » ont bon dos. Notre planète comptait 7,753 milliards d’habitants en 2020. Or, selon Bruno Parmentier, auteur de « nourrir l’humanité », il serait possible de nourrir les 10 milliards d’habitants que nous serons en 2050. Et c’est en Afrique que l’on dénombre le plus grand nombre de terres à exploiter. 60 % des terres arables non cultivées dans le monde le sont en Afrique. Contrairement aux idées reçues, l’Afrique n’est pas un continent pauvre. C’est un continent riche en ressources naturelles (minerais et terres arables). Il y a donc un problème de mise en valeur des ressources et de redistribution des richesses. Les causes de la faim ne sont pas que « naturelles ». Elles sont aussi politiques et économiques.

    Comment nourrir 10 milliards d’habitants en 2050, par Laurie Fachaux, site TV5 Monde, du 24/12/2021


    Les causes politiques et économiques

    Politique agricole défaillante

    Même la désertification pourrait être freinée via la création de ceintures vertes, creusement de puits, systèmes d’irrigation… Les agriculteurs africains manquent de tout : outillage, mécanisation, accès à l’eau, recherche de semences de qualité, accès au crédit pour les lancements de projets, équipements de stockage et de transports… Selon Jean Ziegler, auteur de La faim dans le monde expliquée à mon fils, c’est le manque de soutien aux paysans et le manque d’infrastructures qui entraînent la sous-exploitation des terres en Afrique : « Les 47 pays de l’Afrique subsaharienne consacrent à leurs paysans, en moyenne, 4 % du budget public. 3,8 % seulement des terres arables sont irriguées » (page 16).

    Dumping agricole

    A l’inverse, les pays riches subventionnent largement leurs productions agricoles. Par exemple eu Europe avec la PAC (politique agricole commune). Selon le site Vie publique, la PAC représente presque un tiers du budget européen (1 210 milliards d’euros), proportionnellement beaucoup plus que ce qui est accordé a l’agriculture des pays en développement ! Il en résulte que les pays industriels déversent sur les marchés africains leurs productions agricoles subventionnées. Stanislas Ndayishimive, dans son article de 2019, Les impacts de la PAC sur les paysanneries d’Afrique, donne l’exemple de la production de lait en Afrique. Les transformateurs locaux sont incités à acheter le lait importé d’Europe car 30% moins cher que les productions locales. Les producteurs locaux sont ainsi poussés à la faillite. C’est de la concurrence déloyale !

    Spéculation boursière sur les matières premières agricoles

    L’augmentation des prix des produits agricoles de base empêche l’accès à la nourriture pour beaucoup d’africains. Cette hausse des prix est due souvent à la spéculation. Une bande dessinée de Soulcié montre comment, depuis le début de cette années 2022, les hausses des prix sont provoquées par des « spéculateurs de la faim », banques, traders, fonds de placement… qui achètent les produits agricoles et font augmenter les prix. Dès 2011 cette vidéo, animée à l’initiative de l’association AITEC décryptait les effets de cette spéculation sur les marchés des produits agricoles. La hausse des prix qui en résulte concerne aussi les populations des pays industrialisés mais touche beaucoup plus durement celles des pays en développement

    Accaparement des terres

    Apparu en 2008 le terme « Accaparement des terres » (ou landgrabing en anglais), désigne des acquisitions controversées de terres agricoles de grande superficie par des entreprises transnationales ou gouvernementales. Une vidéo et un document pédagogique de 2013, par l’association Oxfam : Deux minutes pour ressentir l’accaparement des terres, proposent des outils pour mieux cerner les tenants et les aboutissants de ce phénomène. La production de « biocarburants », qui n’ont de « bio » que le nom, amplifie encore le processus d’accaparement des terres et de hausse des prix. En octobre 2021, un collectif d’ONG dénonçait la production de biocarburants, ses effets sur l’environnement et les ressources alimentaires mondiales : « (…) le constat est implacable : bilan carbone douteux voire pire que les carburants fossiles, pression sur la biodiversité et les sols, accaparement des terres ou encore tension sur le prix des denrées alimentaires. »

    Le poids de la dette

    La dette des pays du Sud est historiquement très élevée. Elle a été favorisée par des prêts à taux variables accordés aux pays africains nouvellement indépendants. L’argent consacré au paiement des intérêts empêche de nombreux pays africains d’accéder aux CADTM : « 50 questions, 50 réponses sur la dette, le FMI et la banque mondiale »

    Conflits armés en Afrique

    Selon « Le Monde diplomatique », 32 conflits armés ont été recensé dans le monde en 2021, dont 15 en Afrique. L’Afrique a par ailleurs été, en 2021, le pays de la région du monde traversée par le plus grand nombre de crises sociopolitiques. Ces guerres provoquent souvent des famines.

    Soudan du Sud. Quand la guerre provoque la famine, site Geo Ado, du 22/02/2017

    En Afrique, des « conflits intra-étatiques de nature politique », par Sabine Cessous, site Le Monde diplomatique, du 10/08/2022

    L’Afrique aujourd’hui en crise

    On l’a vu, l’Afrique est l’un des pays qui souffre le plus de ses propres conflits internes et des rapports inégalitaires entre les pays industrialisés et les pays dits « en développement » (faim, sécheresses, endettement, guerres, spéculation, accaparement de terres…). Or, la récente crise du Covid d’abord, puis la guerre en Ukraine ensuite, ont encore plus fragilisé ces pays africains déjà grandement éprouvés.


    Eurêkoi – Bibliothèques d’Amiens Métropole


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