Réponse apportée le 04/14/2009 par MACON BDP Saône-et-Loire – Saône-et-Loire, Bourgogne
Bonjour,
Suite à votre question, veuillez trouver ci-joint des éléments de réponse.
L’ouvrage suivant vous donnera de nombreuses informations sur ce sujet :
– Marianne : les visages de la République / Maurice AGULHON. – Gallimard, 1992.
Vous y trouverez l’origine du choix de ce prénom :
« …Mais pourquoi ce prénom-ci plutôt qu’un autre ? Deux suppositions prévalent. L’une consiste à lire dans Marianne la contraction de Marie-Anne. Doublement lié à la vénération de la vierge Marie (dont sainte Anne était la mère), ce prénom est extrêmement répandu au XVIIIe siècle. C’est même le plus commun des prénoms doubles à composante mariale dans la région méridionale du Massif Central où « Marianno » est écrite. Très populaire, car c’est le peuple qui porte les prénoms de tradition pieuse tandis que les aristocrates et les bourgeois aiment à se distinguer par des prénoms recherchés, il peut, par là même, bien convenir à l’idée d’une Révolution issue du peuple et lui voulant du bien. L’autre hypothèse rappelle que Marianne, en un seul mot, dérive de Mariamné, princesse juive antique, persécutée par un tyran nommé Hérode et, comme telle, récupérée comme héroïne préchrétienne par une tradition d’orthodoxie douteuse, mais répandue. Cette Marianne-là appartient au contraire à la liste des femmes illustres connues des seuls lettrés… »
L’ouvrage nous parle aussi d’une chanson occitane « La Garisou de Marianno » à l’origine du prénom donné à la République :
« …C’est en effet à l’automne de 1792 qu’apparaît pour la première fois le nom de Marianne au sens de la République, ou de la France en Révolution. D’où vient donc ce fait de langage populaire ? Du succès d’une chanson. Bon patriote, c’est-à-dire républicain, le chansonnier d’expression occitane Guillaume Lavabre, un cordonnier protestant de Puylaurens dans le Tarn, fait imprimer une chanson intitulée « La Garisou de Marianno ». Il paraît qu’elle se porte mieux, qu’elle a « retrouvé l’appétit », depuis que, le 10 août (c’est-à-dire depuis la prise des Tuileries, alors résidence du roi, au prix d’une rude bataille) a eu lieu « une mémorable saignée »…. »
Nous apprenons également que le culte de la Liberté apparaît en 1789, le peuple ayant besoin d’allégories pour représenter des idées abstraites, personnifie cette idée par une femme :
« …La Liberté, comme la France (…) s’énonce au féminin, en latin et en français, et le genre grammatical entraîne naturellement le sexe de l’allégorie. A qui s’interroge donc sur la raison profonde de la féminité de la représentation qu’on baptisera Marianne, la réponse essentielle est que Marianne est féminine parce qu’elle signifie République, ou France en République, parce que ces mots sont féminins, et parce que, dans la culture européenne reçue de l’antique, les valeurs abstraites prennent le genre de leur nom… ».
Pour de plus amples informations nous vous invitons donc à la lecture de cet ouvrage de Maurice Agulhon, agrégé d’histoire et docteur ès Lettres, professeur au Collège de France, spécialiste de Marianne et de la période Révolutionnaire. Cet auteur a également écrit d’autres livres sur ce sujet :
– Marianne au combat, l’imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1880.- Flammarion, 2001.
– Marianne au pouvoir, l’imagerie et la symbolique républicaines de 1880 à 1914.- Flammarion, 2001.
En espérant avoir répondu au mieux à votre question, nous vous remercions de la confiance que vous avez accordée à notre service.
Cordialement,
Eurêkoi/Réponses à distance
Bibliothèque Départementale de Saône-et-Loire