Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 12/09/2019.
L’expression poumon ou poumon vert est effectivement régulièrement employée pour parler de la forêt amazonienne. Les incendies qui l’ont touchée en août 2019, n’ont fait que renforcer l’utilisation de cette métaphore. Exploitée dans les médias, réemployée par les personnalités politiques ou spirituelles (Pour exemple, le Tweet du président français Emmanuel Macron du 22/08/2019 : Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon, l’expression n’en est pas moins erronée.
L’Amazonie, le poumon de notre planète, vraiment ?
Premièrement, la forêt amazonienne et toutes les forêts présentent sur Terre ne produisent pas 1/5 de l’oxygène de l’atmosphère terrestre.
Le premier fournisseur de dioxygène (02) est le phytoplancton (les microalgues), d’où l’utilisation du terme « poumon bleu » pour les océans.
Ensuite l’image du poumon ne correspond pas à la réalité biologique du mécanisme des plantes. En journée, la photosynthèse permet aux végétaux la synthétisation des matières organiques grâce à l’énergie lumineuse, en absorbant le gaz carbonique de l’air et en rejetant l’oxygène. C’est l’exact inverse de nos poumons. La nuit, lorsque la lumière disparaît, ils consomment à leur tour de l’oxygène et rejette du dioxyde de carbone (C02).
Cette rectification est apportée par Plinio Sist qui dirige l’unité « Forêts et Sociétés » au sein de l’organisme de recherche agronomique international Cirad.
Plinio Sist est un spécialiste des forêts, il a noté participé à l’ouvrage L’Amazonie. Un demi-siècle après la colonisation publié aux Éditions Quæ en 2010.
Chapitre 13. L’évolution du secteur bois en Amazonie de Plinio Sist, Piketty Marie-Gabrielle, Veloso Freitas Joberto dans : Jean-François Tourrand éd., L’Amazonie. Un demi-siècle après la colonisation, 2010.
Il a également dirigé plusieurs thèses sur le sujet. (voir sur le portail des thèses françaises www.theses.fr)
Source : L’Amazonie est bien plus qu’une usine à oxygène par Christophe Josset, L’Express (site web), le 23/08/2019.
Cette explication est également confirmée par Alain Pave, professeur émérite à l’Université Claude Bernard Lyon 1, ex-directeur du programme Amazonie du CNRS :
Forêt amazonienne : peut-on vraiment parler du « poumon de la planète »?, Le HuffingtonPost, le 23/08/2019.
La forêt amazonienne est-elle le poumon de la planète ? par Cyrille Vanlerberghe, le Figaro, no. 23337, le 27/08/2019.
Sélection d’ouvrages sur la forêt amazonienne
Voici enfin une sélection d’ouvrages sur la forêt amazonienne et les arbres en général que vous pourrez consulter en bibliothèque :
Les forêts tropicales : un patrimoine à sauver de Marc Sigala, Éditions L’imprévu, 2020.
Quatrième de couverture :
Les forêts tropicales humides sont le poumon vert de notre planète, une merveille naturelle qui abrite plus de la moitié des espèces animales et végétales du monde.
Plus important encore, leur état est étroitement lié à celui de notre planète dans son ensemble. En effet, elles produisent une grande partie de l’oxygène de la Terre et contribuent à alimenter les précipitations, les courants d’air et les modèles climatiques, tout en maintenant la planète au frais. Elles jouent donc un rôle essentiel dans la stabilisation de notre climat. Ces régions sauvages, luxuriantes, grouillantes de vie et remplies de secrets encore à découvrir, captivent toujours et pour longtemps encore, notre imagination.
Cependant, malgré leur importance vitale, les forêts tropicales disparaissent à un rythme de plus en plus alarmant, au profit de terres agricoles, d’exploitations forestières ou minières. Mais il y a des raisons d’espérer.
Des forêts tempérées d’Asie jusqu’aux profondeurs de l’Amazonie, cet ouvrage, richement illustré, explore la majesté et le mystère de ces anciens écosystèmes, et nous donne des pistes de réflexion pour tenter de les préserver.
Grand entretien avec Stéphen Rostain au sujet de son livre Amazonie, un jardin sauvage ou une forêt domestiquée. Stéphen Rostain est archéologue de l’Amazonie, spécialiste des question d’agriculture et d’écologie historique. Il est directeur de recherche au CNRS.
Disponible sur la plateforme Youtube :
L’Amazonie : histoire, géographie, environnement par François-Michel Le Tourneau, CNRS Éditions, 2019.
Résumé :
Cette étude analyse l’histoire longue des populations et de la nature en Amazonie brésilienne pour montrer que la vision occidentale d’une forêt vierge, héritée des premiers explorateurs puis des scientifiques du XIXe siècle, relève d’une incompréhension de l’environnement naturel et social. Mal informés sur ce milieu, les Européens s’obstinent à y implanter des modèles de gestion inadaptés. ©Electre 2019
Amazonie : un jardin sauvage ou une forêt domestiquée : essai d’écologie historique de Stéphen Rostain, Éditions Actes Sud Errance, 2016.
Résumé :
En Amazonie, l’homme a transformé le couvert végétal en favorisant des associations de plantes, développé des sols fertiles, construit des terrassements pour créer de nouvelles terres agricoles. Archéologue de terrain, l’auteur, convoquant des disciplines variées, fait le bilan de cette interaction homme-milieu dans ce qui reste la plus grande forêt tropicale du monde. ©Electre 2016
Pour aller plus loin…
Crime, écologie et terreur : un nouveau modèle d’optimisation du rendement ? L’exemple du Brésil de Juvin Hervé, Sécurité globale, 2018/4.
Le thème central de cet article est l’enjeu de la sécurité environnementale et il prend pour exemple la situation au Brésil. Pourquoi l’image du “poumon vert” est utilisée pour parler de la forêt amazonienne et plus spécifiquement de celle du Brésil et quelles en sont les conséquences en terme géopolitique ?
Scientifiques, télévision et écologie : entre vulgarisateur et lanceur d’alerte de Dupuy Michel, Le Temps des médias, 2015/2 (n° 25).
Cet article s’intéresse aux relations entre les scientifiques, notamment les naturalistes et les médias. Dans la question de la reprise du terme “poumon” dans l’espace public.