il semblerait que le changement ait eu lieu vers le 12e siècle. Donc, parmi les outils de la passion du Christ, y a t-il eu au total 3 ou 4 clous ?
Réponse apportée le 01/24/2011 et révisé le 24/10/2017
Nous nous sommes appuyés pour vous répondre sur les livres d’iconographie religieuse de la Bpi :
L’ouvrage Iconographie de l’art chrétien de Louis Réau consacre un petit chapitre à la question dans le deuxième volume consacré à l’iconographie de la Bible (Nouveau testament) p.480 :
Les clous des mains et des pieds :
Bien qu’il ne soit question des clous que dans le récit johannique de l’apparition du Christ ressuscité à saint Thomas, c’est une tradition universellement reçue que Jésus fut fixé sur la croix non par des cordes, mais par des clous. Toutefois leur nombre n’a jamais été établi « ne varietur ». Dans les monuments du haut Moyen-âge, le corps du Christ est fixé par quatre clous, depuis le XIIIe siècle avec trois clous seulement, les deux pieds étant ramenés l’un sur l’autre.
A partir de la Contre-réforme, on observe plus aucune règle. Le théologien Molanus (Vermeulen), dans son traité des « Saintes images » qui enregistre la doctrine du Concile de Trente, laisse aux artistes toute latitude à cet égard. Guido Reni peint un Christ crucufié avec trois clous. Simon Vouet revient au chiffre de quatre. Quant au sculpteur Montanez qui s’inspire des « Révélations » de sainte Brigitte, il croise les pieds du Christ l’un sur l’autre tout en les perçant illogiquement de deux clous.
Vous pouvez venir le consulter à la Bpi :
Iconographie de l’art chrétien / Réau, Louis
Millwood, N.Y. : Kraus reprint, 1988 ; 3 t. en 6 vol. : ill. ; 25 cm
Notes : Réimpr. de l’éd. de Paris : Presses universitaires de France, 1955-1959
cote : 7.13 REA
Voici une deuxième explication trouvée dans Le supplice et la gloire : la croix en Poitou
[exposition, Poitiers, Musée Sainte-Croix, 21 décembre 2000-15 mars 2001, Niort, Musée des beaux-arts, avril-juin 2000] /
Paris : Somogy Poitiers : Société des antiquaires de l’Ouest, 2000
239 p. : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 29 cm
Page 76 : « Des changements notables apparaissent dans la représentation de la Crucifixion au cours du XIIIe siècle. La croix va devenir beaucoup moins large. Du coup, la tablette qui supportait les pieds (suppedaneum) disparait, et il n’y a plus de place pour des pieds parallèles fixés par deux clous. Saint Anselme disait déjà au tournant des XIe-XIIe siècles « O Jésus, pieds fixés par un seul clou ! […] ». De façon très sporadique entre 1149 et 1250, on trouve des Christs en croix avec les perçés d’un seul clou ; après le milieu du XIIIe, c’est le shéma qui s’impose en Allemagne, en Angleterre, en France et dans une moindre mesure en Espagne et en Italie. Les jambes sont d’abord juxtaposées et les pieds seuls croisés, puis les jambes elles-mêmes sont croisées, le plus souvent la droite passée sur la gauche. »
Cordialement,
Eurêkoi – Bpi (Bibliothèque publique d’information)
http://www.bpi.fr
https://www.eurekoi.org
Bonjour, j’aimerais savoir pourquoi Jesus sur la croix a les annulaires et auriculaires repliés et les autre étirés.
Merci du retour.
Bien cordialement.
Eleonore Muntz
Bonjour,
Il y a une explication scientifique à ce phénomène, qui a été justement retranscrit par certains artistes dans les peintures de la Crucifixion.
Dans un article de la revue Pour la Science, n°427, intitulé « La crucifixion : un supplice énervant ! », par Loïc Mangin, publié le 26 avril 2013, on lit ceci :
« La position des crucifiés perturbe, entre autres, l’activité des nerfs de l’avant-bras et entraîne une disposition particulière des doigts que l’on retrouve dans la plupart des représentations artistiques. »
Voici un extrait plus développé (on ne peut fournir l’intégralité de l’article, qui est sous droits) :
« Ce supplice a soulevé plusieurs questions. La victime meurt-elle d’asphyxie ou d’une défaillance cardiaque ? Des expériences menées en 1989 par Frederick Zugibe (des volontaires sont restés longtemps sanglés à des croix) n’ont pas permis de conclure. Les clous étaient-ils plantés dans la paume ou au niveau du poignet ? Des études archéologiques ont plaidé pour la seconde hypothèse : les clous étaient insérés entre le radius et le cubitus.
Une autre question a longtemps été délaissée. Elle concerne la position des doigts. En effet, sur de nombreuses crucifixions, notamment celle du Greco (voir page ci-contre), on observe que le pouce et l’index sont tendus, l’auriculaire et l’annulaire complètement pliés, tandis que le majeur est dans une position intermédiaire. […]
Un clou planté dans la paume ou dans le poignet, en endommageant les nerfs et les muscles à cet endroit, n’entraînerait pas une telle disposition des doigts. Selon les médecins, la cause est à chercher dans un dysfonctionnement des nerfs plus en amont dans le bras. Voyons comment.
Chez un crucifié, les bras forment chacun un angle d’environ 135 degrés avec l’axe du corps et subissent une rotation vers l’avant tandis que les coudes sont hypertendus. De plus, les bras supportent le poids de l’individu suspendu. Dans cette position, une contrainte mécanique importante s’exerce sur le nerf médian qui parcourt le bras (voir la figure ci-contre).Cette contrainte se traduit par une diminution de l’afflux sanguin vers ce nerf, donc de son activité. Plusieurs expériences sur des animaux ont confirmé ce lien.
Si le nerf médian pâtit du supplice de la croix, ce n’est pas le cas du nerf ulnaire, qui reste intact. En détaillant les divers muscles innervés par les nerfs médian et ulnaire, l’équipe de Falls Church a montré comment l’ischémie du premier entraîne la disposition particulière des doigts observée lors d’un crucifiement. Les muscles de la flexion du pouce et de l’index ne sont plus commandés par le nerf médian : les deux doigts restent tendus. Précisons qu’au repos, c’est-à-dire en l’absence d’activation par des neurones, un muscle est détendu, non contracté. Ceux de l’auriculaire et de l’annulaire sont toujours commandés par le nerf ulnaire : les doigts se plient. Enfin, les muscles requis pour la flexion du majeur, dont le muscle fléchisseur profond des doigts, sont innervés par les deux nerfs : on comprend sa position intermédiaire. »
Ainsi, le crucifiement se traduit par une neuropathie dont témoigne la position des doigts. […] »
Cordialement.
J’AIMERAIS. SAVOIR. ONT. DIT. QUE JÉSUS DEVAIT AVOIR UN CLOU A CHAQUE PIED ET. UN VOLEUR A VOLÉ. UN CLOU CEST POUR. CELAS QUILS ONT CLOUER LES DEUX PIEDS ENSEMBLE ESCE VRAI. MERCI
Voici ce qu’un bibliothécaire Eurêkoi a répondu à la demande indiquée dans le commentaire de Marlène Calabre :
Cette histoire dont vous parlez est probablement une légende.
En effet, dans une réponse que nous avons apportée sur le nombre des clous de la Crucifixion du Christ, nous précisions que le nombre des clous n’a jamais été donnés et que jusqu’au XIIIe siècle, le Christ est représenté sur la croix avec 4 clous.
Je vous renvoie à notre réponse ici :
https://www.eurekoi.org/je-voudrais-savoir-pourquoi-le-christ-sur-la-croix-a-soit-les-pieds-croises-1-clou-soit-les-pieds-paralleles-2-clous-il-semblerait-que-le-changement-ait-eu-lieu-vers-le-12eme-siecle-donc-parmi/
Pour en revenir à la légende du vol d’un clou, elle apparaît probablement au XVe siècle. Elle est issue du légendaire tsigane.
Dans le résumé d’un essai intitulé « Les clous du Christ dans le légendaire tsigane » écrit par Jean-Pierre Cavaillé, on lit ce passage : « L’essai se propose de procéder à l’analyse et à l’interprétation des récits étiologiques sur les clous du Christ où les Tsiganes sont mis en scène. Il existe en effet plusieurs versions, connaissant elles-mêmes un très grand nombre de variantes, du rôle joué par un, une, voire plusieurs Tsiganes au moment de la crucifixion et des conséquences de leurs actes sur le destin de leur peuple, selon une gradation des réactions morales allant de la stigmatisation la plus radicale des Tsiganes à la célébration d’une véritable élection divine de ceux-ci. À un bout, nous trouvons le récit, ancien (XVe siècle), violemment hostile aux Tsiganes, selon lequel les quatre clous auraient été fabriqués par un forgeron tsigane, qui se serait vanté auprès de la Vierge d’en avoir ajouté un cinquième pour percer le cœur de Jésus. La Vierge prononça alors une formule de malédiction, condamnant le Tsigane et toute sa descendance à une vie d’errance, de misère et d’opprobre. À l’autre bout, nous trouvons des récits où les Tsiganes se voient bénis et comblés de faveurs divines parce que l’un d’entre eux (souvent une femme) à volé un clou, soit ce cinquième clou qui aurait compromis la résurrection, soit – le plus couramment – l’un des quatre clous, expliquant ainsi la représentation iconographique de la crucifixion à trois clous. »
Sur un site qui a pour titre « Fils du Vent sans Pays » on trouve cette légende racontée par une tzigane dans un roman de Bertrand Solet qui s’intitule « D’où viens-tu tzigane ? » pages 73-74. Éditions Robert Laffont, 1970.
« Le quatrième clou de la croix
» Lorsque le Christ a été condamné, commence la Tzigane, voilà bien longtemps, deux soldats romains reçurent de l’argent pour acheter quatre grands clous nécessaires à l’exécution. Les soldats en burent la moitié au cabaret et entrèrent chez un forgeron juif. » Forge-nous quatre clous, ordonnèrent-ils, c’est pour crucifier le Christ. » Le forgeron, à ces mots, refusa. Les soldats, furieux, le percèrent de leurs lances et lui brûlèrent la barbe et les cheveux. Puis ils se rendirent chez un deuxième forgeron juif. » Forge-nous quatre grands clous. » L’homme allait se mettre au travail lorsqu’il entendit la voix de son confrère mort : » Ne forge pas ces clous, compagnon, c’est pour crucifier le Christ. » Les soldats tuèrent le deuxième forgeron, mais cela ne leur donnait pas les clous dont ils avaient besoin. Et pas moyen de revenir bredouille, avec seulement la moitiè de l’argent. Ils fouillèrent la ville et, derrière une des portes, ils aperçurent un forgeron tzigane. Miracle, ce forgeron venait justement de forger trois grands clous qui refroidissaient devant lui. Trois. Les soldats se précipitèrent, s’en saisirent : » Il nous en faut encore un, et vite ! Voilà l’argent. » Le Tzigane, étonné, allait pourtant obéir, quand, lui-aussi, entendit la voix des deux forgerons morts. » C’est pour crucifier le Christ. » Pris de peur, il fit un bond en arrière et se sauva à toutes jambes, mais en abandonnant les trois clous… Ceux-là même qui servirent sur la croix. Bien plus tard, le forgeron arrêta sa course, retrouva une forge et se remit à travailler, essayant d’oublier son aventure. Au premier coup de marteau, il vit apparaître sur l’acier de son outil le quatrième clou, brillant si fort qu’il illuminait le désert tout entier… Un quatrième clou, comme un reproche… Le Tzigane s’enfuit encore, très loin. En vain. Partout, le clou le poursuivait. Et il poursuivit de même ses enfants, et ses petits enfants… Voilà pourquoi, dit-on, nous marchons sans fin ni trêve, à cause du quatrième clou. » »
Bonjour,
Nous vous invitons à poser votre question sur notre site Eurêkoi.
Nous ne manquerons pas d’y répondre.
Cordialement.
L’équipe Eurêkoi
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