Je recherche des livres ou articles sur la question de l’ébauche, du brouillon dans l’art et la littérature.
Notre réponse du 15/11/2017
Le sujet est très riche et sujet à de multiples ramifications. Je suis restée à un niveau assez général mais si vous venez à la Bpi, il vous sera facile de creuser tel ou tel exemple, les « brouillons de Flaubert », les ébauches de Rembrandt etc…
En interrogeant le catalogue de la Bpi avec le mot brouillon en sujet général, on trouve plusieurs articles dans la base Bpi-doc (base de presse de la Bpi, les articles ne sont consultables que sur place) :
Précieux brouillons dans MONDE (LE) 01/03/2001 — Article
Les brouillons racontent la genèse des œuvres dans MAGAZINE DU BIBLIOPHILE (LE)01/02/2001
Vous trouverez beaucoup d’exemples en complétant avec un nom d’écrivain, par exemple :
La fable d’une fabrique — Ponge et son pré par Depaule, Jean-Charles 06/10/2014
Genèse de l’œuvre d’art
De Wulf Maurice. La Genèse de l’œuvre d’art. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 21ᵉ année, n°81, 1914. pp. 5-16. DOI : 10.3406/phlou.1914.2197
www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1914_num_21_81_2197
Vergnioux Alain, « L’ébauche », Le Télémaque, 2005/1 (n° 27), p. 11-16. DOI : 10.3917/tele.027.0011. URL : https://www.cairn.info/revue-le-telemaque-2005-1-page-11.htm
Résumé : L’ébauche, d’une œuvre ou d’une tâche, sanctionne son inachèvement mais semble aussi indiquer sa vanité. Empruntant ses exemples aux arts et à la littérature, l’auteur suggère que dans l’ébauche, l’essentiel a déjà été “dit” et que son développement, loin de l’acheminer vers sa complétude ou sa perfection, masquerait la justesse de l’intuition première. Il en irait de même des systèmes théoriques dont la fécondité serait d’autant plus grande que leurs principes épuiseraient tout développement.
Dans cet article de l’Encyclopaedia universalis, Mikel DUFRENNE, « ŒUVRE D’ART », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 15 novembre 2017. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/oeuvre-d-art/
voir le chapitre : La non-œuvre dans l’art contemporain dont voici un extrait :
Ce qu’il y a de plus provocant dans l’art contemporain semble se rallier sous le drapeau du non-art. Non-art, cela ne signifie pas seulement refus d’accorder à l’art un statut particulier réservé à une élite, au sens où l’entendait Marx disant que dans une société communiste il n’y aura plus de peintres, mais seulement des hommes qui peignent ; cela signifie aussi refus de produire des œuvres, c’est-à-dire des objets pleins, achevés, s’épanouissant dans le champ de la présence. Objets bâclés, graffiti ou paraphes, toiles lacérées, musique mise en pièces, poèmes réduits aux phonèmes, textes déconstruits, on n’en finirait pas de donner des exemples de ce refus. Au moins faut-il marquer quelques étapes de la désagrégation de l’œuvre.
On pourrait évoquer d’abord les temps de l’iconoclasme ; mais ce n’est pas de lui qu’il s’agit ici. Car l’iconoclasme interdisait l’œuvre au nom du sacré, c’est-à-dire d’une loi extérieure à l’art ; ici l’interdit est intérieur, et sans résulter d’une intériorisation : c’est l’œuvre qui s’interdit à elle-même d’être œuvre, et qui parfois se produit sous forme de non-œuvre dans cet interdit, comme si s’accomplissait ainsi une sorte de logique de l’art. La première étape de ce développement apparaît au temps de l’art le plus classique : c’est le non-finito. Lorsque le XIXe siècle entreprit de constituer le musée imaginaire, dit Malraux, alors que « le fini était un caractère commun à toutes les œuvres traditionnelles », le caractère commun de tous les arts dont commença la discrète résurrection fut d’abord l’absence du fini. D’où la découverte, que Baudelaire allait rappeler à propos de Corot, « qu’une œuvre faite n’était pas nécessairement finie, ni une œuvre finie nécessairement faite » ; le fini, ajoute Malraux, n’est qu’un moyen d’expression. D’où l’intérêt que Delacroix, Corot et tant d’autres – mais déjà Rubens et Vélasquez – attachaient aux esquisses, aux ébauches : non pas les états premiers d’un travail à faire, des représentations inachevées, mais des expressions plastiques, complètes, indifférentes à la représentation, « où le peintre […] réduit un spectacle réel ou imaginaire à ce par quoi il est peinture : tache, couleur, mouvement » (A. Malraux, Le Musée imaginaire). Cependant chez ces peintres, l’œuvre n’est pas encore en question. Des esquisses que conserve Delacroix, Malraux peut dire : « Leur qualité d’œuvre [c’est lui qui souligne] est égale à celle de ses plus beaux tableaux. » C’est plutôt une nouvelle idée de l’œuvre qui apparaît, et de sa finalité propre : « La peinture devient maîtresse de l’objet et non plus soumise à lui », l’art cesse d’être au service de la représentation, « la volonté d’annexion du monde prend la place immense qu’avait prise la volonté de transfiguration ». Cette prise de conscience de la spécificité de l’art se poursuit plus tard avec la non-figuration. D’une œuvre « abstraite », comment juger qu’elle est finie ? Bien commode était le critère qui subordonnait l’achèvement à la perfection du rendu. Lorsque l’œuvre porte au contraire en elle sa vérité, comment l’apprécier ? Pourtant l’œuvre abstraite peut se recommander encore d’une nécessité interne qui garantisse son autonomie et sa perfection ; elle est encore un irrécusable objet, devant lequel il faut dire, comme Hegel devant la montagne : Es ist so. Et seulement la littérature en renonçant à parler pour dire autre chose qu’elle-même, la poésie en cessant de nommer le monde, le roman en cessant de raconter une histoire, le film en cessant d’être récit ou image du monde, et même les arts naturellement abstraits, en renonçant à une familiarité qui était l’équivalent d’une image ou d’une parole, l’architecture en s’ordonnant à la fonctionnalité, la musique en rompant avec l’harmonie. cela peut se dire aussi des autres arts qui ont rencontré la non-figuration sur leur propre route.
L’oeuvre picturale et les fonctions de l’apparence Par René Passeron
Vrin, 1986 – 372 pages voir page 80
Littérature
Voir l’exposition en ligne de la Bnf Brouillons d’écrivains
Organisme
ITEM Institut des textes et des manuscrits modernes http://www.item.ens.fr
Voir en particulier l’onglet publications
La critique génétique
De nombreuses références :
Revue Genesis manuscrits, recherche, invention : revue internationale de critique génétique
Institut des textes et manuscrits modernes Paris , Editeur J.-M. Place, 1992-
Cote 81(0)GEN
Logiques du brouillon : modèles pour une critique génétique
par Ferrer, Daniel (1949-….), 2011
Bibliogr., 8 p. Se questionne sur l’intérêt d’une critique de la génétique littéraire fondée sur l’étude des brouillons et sur son statut de discipline. L’ouvrage propose une série de modèles empruntés à des domaines diverses pour rendre compte des enjeux de la genèse et des logiques qui lui sont propres
https://catalogue.bpi.fr/fr/document/ark:/34201
La création en acte : devenir de la critique génétique, 2007
Bibliogr. Index Les textes réunis font le point sur les avancées dans ce champ de la critique et sur ses acquis pour la théorie et la pratique littéraires. Ils proposent un bilan de la recherche de ces trente dernières années, abordent des questions théoriques à la lumière des pratiques d’écrivains des XIXe et XXe siècles et étudient l’effet de la révolution informatique sur l’étude des manuscrits modernes.
https://catalogue.bpi.fr/fr/document/ark:/34201
Daniel Ferrer, « Critique génétique et philologie : racine de la différence », Genesis[En ligne], 30 | 2010, mis en ligne le 30 mai 2012, consulté le 15 novembre 2017. URL : http://genesis.revues.org/98
Pierre-Marc de Biasi, « Les archives de la création à l’âge du tout numérique », Revue Sciences/Lettres [En ligne], 1 | 2013, mis en ligne le 01 mai 2012, consulté le 14 novembre 2017. URL : http://rsl.revues.org/314
Cordialement,
Eurêkoi – Bibliothèque Publique d’Information