Réponse apportée le 01/21/2013 par PARIS Bpi – Actualité, Art moderne, Art contemporain, Presse
Nous vous recopions ce poème
EN FEVRIER
En février luisent les hautes neiges. Les bois
velus serrent un peu de nuit. Au ventre des
collines, un paysan plié pousse une mule
vers un clocher fantôme. Dans le silence alors
tout se ferme dans les clotures : meules et ruches,
granges, greniers et bergeries fourbues, couvant
des souffles chauds et des odeurs de laines. Une
brebis bêle au créneau, vers la charrette délaissée,
quelques tonneaux, quelques fagots éparpillés
dans la cour que piquent les merles. L’unique feu
brûle dans la maison où devant l’âtre, assises,
des femmes jusqu’aux cuisses se retroussent,
montrant jupons et bas de fil, tandis qu’au ciel
dans un parfum de chou fument les linges. Plaisir
secret, pauvre richesse ! Ailleurs grondent
les guerres et les rois dont les rages du moins
s’émoussent dans l’hiver. souffrir décroît. Vivre est
au coeur caché de la saison. Dans la forêt
l’homme coupe du bois. Une vieille en fichu
se glisse sous la haie, lui porte la
nouvelle : l’enfant est né, un fils, il est
dix heures. Sur la plaine éblouie
le soleil rayonne d’un plus vif éclat.
(d’après une miniature des « Riches heures du Duc de Berry ».)
Page 12 du recueil :
Cinquante toiles pour un espace blanc , suivi de Récits poèmes
Auteur(s) Joubert, Jean
Editeur Grasset
Date 1982
Langue(s) Français
Description 125 p. , 21 cm ; Papier
Cordialement,
Eurêkoi – Bpi (Bibliothèque publique d’information)