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Je cherche des renseignements sur l’araignée banane

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    Bibliothèques de Marseille – notre réponse du 24/08/2023, actualisée le 19/04/2024.

    Araignée Phoneutria sur muret de pierre et fond végétal
    Image de Aisfer, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

    Il arrive que des araignées soient découvertes dans des régimes de bananes en provenance de l’étranger. On parle alors d’araignée banane. Toutefois, ce nom porte souvent à confusion. Les bibliothécaires Eurêkoi vous aident à en savoir plus sur celles qu’on appelle couramment les « araignées bananes ».

    Différentes espèces surnommées « araignées bananes »

    Le nom « araignée banane » ne désigne pas une seule espèce d’araignée. En réalité, il s’agit d’un surnom donné à différentes espèces d’araignées.
    Christine Rollard, aranéologue au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, cite les différentes espèces appelées « araignées bananes » :

    « Il existe bien des araignées surnommées banana spiders [araignées banane]. Elles appartiennent au genre Phoneutria (Ctenidae), non présente en Europe. Leur habitat naturel se situe plutôt dans les forêts tropicales, mais lorsqu’il est détruit pour laisser la place à des cultures, et entre autres des bananeraies en Amérique du Sud, ces araignées doivent s’adapter en changeant leur mode de vie. On peut donc les observer effectivement au milieu de régimes de bananes ! Mais ce ne sont pas les seules espèces affublées de ce surnom. Citons des espèces d’araignées à toile géométrique du genre Nephila sp. (Araneidae), à cause d’une ressemblance morphologique et non de leur présence dans les bananeraies : coloration jaunâtre et forme allongée de leur abdomen. On peut mentionner également une autre araignée de grande taille, visible dans les forêts et dans les cultures, mais aussi à l’extérieur, voire à l’intérieur des bâtiments tropicaux, de son nom créole réunionnais « Babouck », Heteropoda venatoria (Sparassidae); d’origine asiatique, cette espèce a été introduite un peu partout dans le monde certainement par l’expansion des moyens de transport. »

    50 idées fausses sur les araignées Ed. 2 de Christine Rollard et Mathieu Vidard, éd. Quae, 2020.

    Phoneutria (Ctenidae)

    Les araignées du genre Phoneutria sont réparties en 9 espèces. Parmi celles-ci, Phoneutria nigriventer et Phoneutria keyserlingi sont considérées comme des araignées particulièrement dangereuses.

    « Les araignées du genre Phoneutria (famille des Cténidés) vivent en Amérique latine. Au Brésil, l’espèce Phoneutria nigriventer (Banana spider ou Brazilian armed spider) est responsable de la majorité des hospitalisations pour aranéisme. À la différence des autres araignées plutôt timides, celle-ci fait preuve d’une grande agressivité. Lorsqu’elle est dérangée, Phoneutria prend une posture défensive caractéristique (pattes antérieures dressées et chélicères ouvertes prêtes à mordre) lui permettant de faire des sauts de 50 cm. Les morsures de Phoneutria surviennent principalement en milieu rural, les ouvriers agricoles des bananeraies représentant une population à risque. En début d’automne austral, ces araignées ont tendance à pénétrer dans les habitations, ce qui explique le pic de cas d’envenimation observé entre avril et mai dans le Sud-Est brésilien. Enfin, les Phoneutria voyagent fréquemment dissimulées dans les régimes de bananes et peuvent donc être retrouvées bien loin de leur pays d’origine, en Europe ou en Amérique du Nord. »

    Animaux venimeux terrestres de Luc de Haro, Pathologie professionnelle et de l’environnement, éd. Elsevier Masson SAS, 2009

    « Phoneutriisme : dû à des araignées du genre Phoneutria, présentes en Amérique du Sud. Ce sont des araignées grandes, agressives, qui chassent la nuit des invertébrés et de petits vertébrés. Leur venin est fortement toxique pour les humains, agissant à la fois sur les systèmes nerveux central et périphérique, entraînant un syndrome caractéristique. Les deux espèces les plus dangereuses sont P. nigriventer et P. keyserlingi, avec de nombreux cas d’envenimation. Leur venin contient de nombreux composés incluant histamine, sérotonine et des neurotoxiques. La morsure est très douloureuse et produit salivation, transpiration, spasmes musculaires, priapisme et troubles visuels. Les mortalités sont rares et dues à des paralysies respiratoires. »

    Entomologie médicale et vétérinaire de Gérard Duvallet, Didier Fontenille et Vincent Robert, Éditions Quae, 2017.

    Nephila sp. (Araneidae)

    La Mauritian Wildlife Foundation donne les informations suivantes sur l’araignée nephila :

    « Comme toutes les araignées de cette famille, la néphile dorée a une forme très allongée et de très longues pattes. Celles-ci sont orangées ou rouges et son abdomen est doré ou noir. À l’âge adulte, le dimorphisme sexuel est particulièrement favorable à la femelle. Son corps incluant ses pattes peut mesurer plusieurs centimètres (entre 6 et 13) alors que celui du mâle ne mesure guère que cinq millimètres en moyenne, voire un peu plus d’un centimètre. L’envergure de la femelle peut être d’une dizaine de centimètres, celle du mâle ne dépasse guère quatre centimètres. C’est une araignée passive et inoffensive mais dont la morsure peut être douloureuse. En tant qu’espèce généraliste, la néphile dorée est présente dans les forêts indigènes ainsi que dans les types d’habitats modifiés par les humains et dans les zones urbaines (ex. vergers, haies de bambous, bâtiments). Le mâle vit sur la toile de la femelle, généralement du côté opposé. Il se nourrit de ses proies, dont les mouches, moustiques, mites, guêpes et coléoptères qui s’emmêlent. La néphile dorée est une araignée orbe tisserand. Elle peut tisser des toiles de plus d’un mètre de diamètre avec un fil de soie aux nuances dorées. Ces toiles sont les plus grandes du monde. Elle peut tisser des toiles si fortes que parfois même les oiseaux et les chauves-souris sont capturés. Outre sa résistance, la toile de la néphile est aussi extrêmement collante. »

    Nephile Dorée, Mauritian Wildlife Foundation, Osmose, 03/2018.

    Heteropoda venatoria (Sparassidae)

    Emmanuel Delfosse, entomologiste au Muséum national d’histoire naturelle, a publié une étude complète de l’araignée Heteropoda venatoria : Répartition, taxinomie et biologie de l’Araignée des régimes de bananes Heteropoda venatoria, 2005.

    « L’Araignée-crabe géante (the Giant Crab-spider), Heteropoda venatoria est parfois aussi appelée l’Araignée chasseresse (the Huntsman spider) ou encore l’Araignée des régimes de bananes (the Banana spider). Ces noms proviennent du fait qu’elle possède de longues pattes et qu’elle se tient souvent dans une position rappelant celle des Thomisidae (les vraies Araignées-crabes) ou de sa rapidité (Simon-Brunet, 1994) ; qu’elle chasse plus ou moins à courre ; que nous la trouvons souvent dans les maisons (Berland, 1932) ou qu’elle soit encore régulièrement importée avec des régimes de bananes, notamment depuis une période récente (Berland, 1932 ; Berland, 1934b). Elle est aussi transportée avec d’autres produits. Schmidt (1970) mentionne notamment le Cameroun et l’Equateur comme pays importateurs de cette espèce. »

    Pour aller plus loin…

    À la découverte des araignées et autres arachnides : sachez les reconnaître de Alain Canard, Éd. Dunod, 2022.
    Résumé : Un guide pour identifier les araignées de France et d’Europe. La première partie apporte des explications scientifiques et des conseils pratiques pour découvrir leur monde. La seconde présente une centaine d’espèces sous forme de fiches. Enfin, un carnet pratique donne toutes les coordonnées utiles. ©Electre 2022

    Fascinantes araignées Ed. 3 de Christine Rollard, Éditions Quae, 2021.
    Résumé : En se glissant dans la peau d’une araignée, tout curieux de la nature approche ici cet univers soyeux hors du commun, peuplé d’êtres à la diversité insoupçonnée. Christine Rollard nous fait découvrir des facettes étonnantes des araignées : leur anatomie particulière, leurs capacités sensorielles hors du commun, leurs techniques de chasse et leur manière de prendre soin de leurs petits. Indispensables à l’équilibre écologique par leur rôle de prédateur, les araignées sont un maillon essentiel des chaînes alimentaires. Elles sont aussi une source d’inspiration pour les biotechnologies grâce à leur aptitude à produire cette soie si convoitée. Et pour l’homme, sont-elles si dangereuses ? Comment ces animaux sont-ils perçus à travers le monde ? Quels pouvoirs, quelles qualités leur attribue-t-on ? Que de contes et légendes les évoquent dans de nombreuses cultures !

    Les araignées de Cathy Franco, Éd. Fleurus, 2023.
    Résumé : Grâce à ce documentaire très illustré, l’enfant pourra découvrir en détail cet animal qu’on adore détester : son anatomie, son mode de vie, les différentes espèces… À la fin du livre, des images à découper pour apprendre en s’amusant !

    Nous vous conseillons également le podcast : Christine Rollard aranéologue, Les Savanturiers, Radio France, 16/10/2011.


    Eurêkoi – Bibliothèques de Marseille


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