Notre réponse du 20/04/2016
La place Camille-Jullian a été créée en 1935 suite à un projet d’élargissement de rues adjacentes. Avant cela, mis à part la présence de l’église Saint-Siméon et du cimetière qui en dépendait, elle a surtout été occupée par des habitations domestiques avec des jardins y compris pendant la période romaine.
L’église Saint-Siméon, dont il reste le mur latéral sud, avait d’assez vastes proportions et abritait deux confréries : celle des fourbisseurs et celle des canautiers (s’y ajouta en 1654 une compagnie du Saint-Sacrement composée de dames). Elle a remplacé à une époque inconnue l’église primitive qui était romane. Pendant longtemps, les défunts étaient enterrés à l’intérieur de l’église mais en 1489, à la demande des ouvriers de Saint-Siméon, il fut accordé à la paroisse la cession d’un jardin situé le long de la rue Serpolet (qui se prolongeait alors jusqu’à la rue Saint-Siméon) pour servir de cimetière. Celui-ci perdura jusqu’en 1684.
En 1791, la paroisse Saint-Siméon est supprimée et l’église servira de salpêtrière, d’école navale, … avant de finir en garage et en cinéma dans les années 1990.
En ce qui concerne l’époque romaine, les seules informations que nous possédons à l’heure actuelle sur l’occupation antique du site même de la place Camille-Jullian proviennent des fouilles effectuées en 1989-1990 lors de la création du parking souterrain qui l’occupe.
Avant le cinquième siècle, la place Camille-Jullian formait en quelque sorte une zone marginale dans l’agglomération urbaine. Bien que localisée à une centaine de mètres du port à l’embouchure de la Devèze, l’essentiel de la ville s’était développé sur la rive gauche de la Devèze. Et même si un pont fut établi entre les deux rives (distantes de 70 à 80 mètres à l’embouchure), la région sud-est ne se développa pas à cause de l’insalubrité qui y régnait.
A la fin du 1er siècle, de grands remblaiements assainissent cette zone en partie marécageuse et dès la construction du rempart du Bas-Empire cette région fut définitivement intégrée à l’agglomération.
C’est ainsi qu’avant le cinquième siècle on ne trouve pas de construction ambitieuse mais une maison aux murs façonnés d’argile, puis plus tard une maison maçonnée ainsi que des locaux servant probablement d’entrepôts. Après le cinquième siècle, l’espace assaini permet d’y construire une grande maison avec un système de chauffage.
« Dans l’ensemble, on a eu affaire à un milieu perturbé par les occupations successives ; il s’est révélé en général modeste ou bien tourné vers des activités sans rapport avec la vie publique, l’apparat et la consommation de luxe. »
Pour plus d’informations sur la place à l’époque romaine, vous pourrez lire avec intérêt l’ouvrage (dont est extraite la citation précédente) :Un quartier de Bordeaux du Ier au VIIIe siècle : les fouilles de la place Camille-Jullian, 1989-1990 / textes réunis par Louis Maurin (2012).
Eurêkoi – Bibliothèque municipale de Bordeaux