Je cherche des éléments biographiques sur un résistant manouche Armand STENEGRY dit Colonel Archange et, plus généralement, sur la place des Tsiganes dans la Résistance en France et en Europe

Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 08/10/2008, actualisée le 23/08/2023.

Affiche de l'exposition du CHRD "Tsiganes. Le silence et l'oubli" de 2007.
Affiche de l’exposition du CHRD « Tsiganes. Le silence et l’oubli » de 2007.

Les Roms et les Tsiganes ont été touchés de manière significative par les persécutions pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, « Un décret du 6 avril 1940 les assigne à résidence en stipulant que « la circulation des nomades est interdite sur la totalité du territoire métropolitain pour la durée de la guerre ». Dès la fin de l’année 1940, ils sont progressivement internés dans des camps, construits initialement pour les réfugiés républicains espagnols. En 1942, des camps spécifiques leur sont dévolus, tel Saliers, situé dans les Bouches-du-Rhône, ou encore les camps de Jargeau dans le Loiret et de Montreuil-Bellay dans le Maine-et-Loire. » (source : Dossier de presse du CHRD, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, sur l’exposition « Peuple Tsigane. Le silence et l’oubli » en 2007). Certains d’entre eux ont participé à la résistance contre l’occupation nazie et ont été impliqués dans des mouvements de résistance en France (comme dans d’autres pays européens). Victimes comme les Juifs, les opposants politiques et les “asociaux” d’une extermination systématique opérée par le IIIème Reich, au moins 200 000 Roms ont été tués au cours de la Seconde guerre mondiale, sans compter les dizaines de milliers de disparus. Il faudra attendre 1982 pour que ce génocide soit officiellement reconnu comme tel par le chancelier allemand Helmut Schmidt.
Petit panorama de ressources sur le sujet, sachant qu’il est encore difficile de trouver des documents spécifiques sur la place des Tsiganes dans la Résistance en raison de la nature souvent marginale et méconnue de leurs actions.

Ouvrages sur la place des Tsiganes dans la Résistance

Destins gitans de Donald Kenrick et Grattan Puxan éd. Gallimard, 1995.
Cet ouvrage mentionne p.136 :

« Certains de ceux qui étaient restés libres s’engagèrent dans la Résistance. Jean Beaumarie aida les maquis, et son frère fut arrêté et pendu. Armand Stenegry, aujourd’hui président de l’Association des gitans manouches et connu comme chanteur et guitariste sous le nom d’Archange, devint officier dans un groupe de guérilla. Stenegry et d’autres gitans de son unité participèrent à des actions de partisans synchronisées avec le débarquement en Normandie. Ses exploits lui ont valu des décorations tant chez les Britanniques que chez les Français libres. »

La croisée des chemins : la guerre secrète des Tsiganes : 1940-1944 de Jan Yoors, éd. Phébus, 2005.
Présentation : Faisant suite au livre-culte de Jan Yoors, Tsiganes (repris en  » libretto  » en 2004), La Croisée des chemins évoque un épisode peu connu de l’histoire des Fils du Vent : leur résistance, merveilleusement imaginative, à la barbarie nazie qui s’était juré de les exterminer.)
Un article d’octobre 1992 du Monde diplomatique, Tziganes dans la résistance aux nazis, d’Odile Felgine, présente également cet ouvrage.

Interdit aux nomades, de Raymond Gurême, Calmann-Lévy, 2011. L’auteur y fournit un témoignage de son action dans la Résistance (voir notamment la p. 156).

Our role in the Resistance has been ignored, even though I ran into many other voyageurs (travellers) during clandestine fights between 1944 and 1945.

 Les nomades face à la guerre, 1939-1946, de Lise Foisneau en collaboration avec Valentin Merlin, éd. Klincksieck, coll. Critique de la politique, 2022.
Une recension de cet ouvrage est disponible : article Les « nomades » et l’Etat : discriminations et résistances, par Jean-Luc Poueyto, site en-attendant-nadeau.fr, 17/02/2022 :
Extrait : « Le livre rappelle la façon dont certains nomades ont aidé des Juifs à s’évader pendant la guerre, et leur rôle dans la Résistance, dans la lignée du témoignage de Jan Yoors, La croisée des chemins. La guerre secrète des Tsiganes, 1940-1944. Là encore, le travail de Lise Foisneau abonde en relevés d’archives et en témoignages montrant l’implication de nomades, que ce soit à travers leur adhésion à certains groupes de maquisards, notamment dans le Vercors, ou par leurs nombreuses aides ponctuelles – aller récupérer du matériel parachuté, ou héberger d’urgence des combattants. »

Articles en ligne sur les Tsiganes dans la Résistance

Pouvoirs publics et Tsiganes après la Libération : l’exemple de la Gironde (1944-années 1950), par Emmanuel Filhol, Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, 2015, 21, p. 225-242, consultable sur la plateforme Persée. À la p. 228/229, il est fait mention de cas de Tsiganes résistants, et la note 3 fournit comme référence de ressource sur ce sujet l’ouvrage de D. Kenrick et G. Puxon mentionné ci-dessus, Destins gitans. Des origines à la solution finale. À la p. 241 est évoqué le cas d’Ignaio Gimenez comme résistant Tsigane.

Les Tsiganes en France : une mobilité sous haute surveillance (XIXe et XXe siècles), par Emmanuel Filhol, Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2011, 130-13, p. 146-166 (Fait partie d’un numéro thématique : Perception de l’altérité culturelle et religieuse. Actes du 130e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Voyages et voyageurs », La Rochelle, 2005).
La page 157 évoque « une famille gitane durement meurtrie, dont plusieurs membres, résistants d’un maquis, avaient été arrêtés. »

French Nomads resistance 1939-1946par Lise Foisneau et Valentin Merlin, in Roma Resistance during the Holocaust and its Afternmath de Angela Kocze, Evelin Verhas et Anna Lujza Szasz, éd. Tom Lantos Institute, 2018. L’article est consultable sur le site du Fnasat et téléchargeable depuis la plateforme HAL.
Cet article indique, en première page, p. 58, une courte bibliographie de documents sur le sujet, dont Tikno the Gypsy, 1875-1948 : biographie et anthologie d’oeuvres de Tikno Adjam (in English, 110 fol.) du père Fleury, 82 J 2., sur Tikno Adjam, membre du maquis des Ardennes ; ou l’article de Joseph Valet Gitans et Voyageurs d’Auvergne durant la guerre 1939-45, Études tsiganes, n°6, 1995.
La partie 4 de l’article est consacrée à différentes formes de résistance, avec notamment le passage « Joining the Résistance« , p. 84 et « In the maquis » p. 85 sq, « Armed combats » p. 89 sq.

Depuis le site du Fnasat, des pages de présentation de Tsiganes résistants sont consultables : les cas de Nicki Lorier et de Raymond Gurême.

Article de Joseph Valet, “Gitans et Voyageurs d’Auvergne durant la guerre 1939-45”, Études tsiganes, n°6, 1995, p.211-219.

Ressources multimedia

Roms, Roumains en résistance : images nomades, de Sylvia Aubertin, réal. Ed Canal Marches (durée 50 min).

Résistances tsiganes, par Claire Pouly Borgeaud sur le site de Radio France, podcast des 7 et 8/09/2018.
Présentation : Face à l’oppression et aux persécutions, Les Manouches, Sintès, Kalès, Yéniches, Rroms ou Tsiganes, ont opposé des formes de résistances très diverses.


Pour aller plus loin

Le site du Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation met à disposition une fiche thématique sur le camp d’internement des Tsiganes à Saliers

Le dossier de presse du CHRD sur l’exposition « Peuple Tsigane. Le silence et l’oubli » de 2007 présente p. 8 une carte des camps de tsiganes en France pendant la Seconde guerre mondiale.

Sur l’extermination des Tsiganes à l’Est pendant la Seconde guerre mondiale, Des territoires d’extermination à l’Est de l’Europe (1941 – 1944), Études Tsiganes, 2016/1-2, n° 56-57, consultable sur Cairn.info.


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