Jack Kerouac, sur la route de ses origines bretonnes ?

Bibliothèque municipale de Lille – notre réponse du 06/03/2023.

Jack Kerouac with tea cup, par John Cohen, Tirage argentique, 1959. © Estate of John Cohen. États-Unis, NYPL, inv. 1693065.

À la frontière de l’Arizona et l’Utah, le bitume de la Highway 163 se déroulant jusqu’à disparaître dans le lointain, la route, encore la route, jusqu’au pied de la Monument Valley ! Dans ce décor, surgissent tel un mirage à l’évocation du nom Jack Kerouac, une foule d’autres clichés : clochards célestes, autostoppeurs hip, routards au volant de vans multicolores !
On pense moins spontanément aux Côtes d’Armor, à Brest, à Rennes ou à Saint-Brieuc, aux Pays des tuiles grises, et pourtant le patronyme « Kerouac » sonne breton. De fait, le Canado-Américain Jack Kerouac, soit Jean-Louis Lebris de Kerouac, né le 12 mars 1922 (Lowell, E.-U.), serait d’origine bretonne. D’ailleurs, comme aime à le rappeler la légende familiale, l’ancêtre se serait illustré par des faits d’armes au xviiie siècle, notamment durant des campagnes en Canada, au côté du marquis de Montcalm. Se rêvant le glorieux descendant d’un seigneur finistérien, ainsi Kerouac mènera-t-il l’enquête sur les traces de son aïeul, Urbain-François Le Bihan, sieur de Kervoach (1702-1736).
Si les Bretons célèbrent aujourd’hui le romancier américain comme un enfant du pays, qu’en est-il réellement de ses origines bretonnes ? Quelques éléments de réponse et pistes documentaires.

Jack Kerouac… et la Beat generation

Comme le souligne Pierre-Yves Pétillon, à l’entrée « Kerouac Jack (1922-1969) », de l’Encyclopædia Universalis, seulement quarante ans après sa disparition, « Jack Kerouac est devenu une figure de légende, quelque part entre Rimbaud et James Dean, Marilyn Monroe ou Elvis Presley ! ». L’année 2022 marquant le centenaire de sa naissance, force est de constater que l’engouement et la ferveur sont intacts !

Au point que son personnage, voire sa légende personnelle en arrive à occulter l’œuvre qui, jugée inégale par Pierre-Yves Pétillon, renoue toutefois avec « la poésie des grands espaces essentielle à la littérature américaine — celle de Melville, Twain, Whitman —, tout en introduisant dans la langue les pulsions et les syncopes du jazz, sa brusquerie de rêve éveillé. Enfin, on n’oubliera pas que, avec W. Burroughs et A. Ginsberg, Jack Kerouac est à l’origine d’un mouvement, la Beat generation, qui n’a pas fini de faire parler de lui, tant était puissante sa charge utopique. »

Rappelons les principaux romans de Jack Kerouac, listés ici, par ordre chronologique :

Une charge effectivement utopique, beat convoquant tout à la fois : errance, dépossession et béatitude ! Cf. sur les origines du terme, l’article de Stéphanie David, « Les origines de la Beat generation », dans le dossier Balises. Le magazine de la Bpi : Beat generation, publié le 22/07/2016 :

« Le mot “beat” lui-même doit beaucoup à Herbert Huncke (1915-1996 ), écrivain, icône de la contre-culture et militant de la cause homosexuelle. Voleur, prostituée, junky, il connaît la prison, vit dans la dèche et se considère comme un hobo (un vagabond), contraint à l’errance. Quand il dit à Kerouac : “Man I’m beat”, ce qui signifie être fauché, abattu, sans avenir, il définit alors un certain mode de vie hors-la-loi qui annonce les personnages de Burroughs, Ginsberg et Kerouac. Enfin, il faut ajouter que Kerouac, fin connaisseur des rythmes du jazz — du bebop en particulier — veut transposer dans ses écrits la musicalité et le tempo de cette musique, tels des “battements” saccadés : “Je veux qu’on me considère comme un poète de jazz qui joue des blues à une jam-session le dimanche après-midi”. Le mot “beat” fait donc allusion au rythme en général et peut aussi évoquer la vitesse à laquelle Kerouac utilise la machine à écrire […]. Enfin, pour Kerouac, d’origine franco-canadienne, le mot “beat” est proche de l’adjectif “béat” » qui renvoie à une idée d’extase et donne à l’expression une connotation plus mystique, évoquant la recherche d’une illumination, l’ouverture à une perception nouvelle, voire à une révélation. »

L’obsession armoricaine de Kerouac

Les références à la Bretagne sont nombreuses, pour ne pas dire récurrentes dans l’œuvre du chantre de la Beat generation. Notamment, dans son roman Big Sur, où son double de papier, Jack Duluoz, surnommé « Ti Jean », méditant face au Pacifique, s’exclame :

« Mon nom est Le Bris de Keroac, je vais enfoncer mes dents saines d’anglo-saxon dans la chair pitoyable des poissons, je ferais mieux de me souvenir que les poissons parlent breton ! »

Et surtout, dans Satori à Paris, où celui-ci raconte (p. 29, dans l’édition « folio », chez Gallimard), ses pérégrinations à la BnF, cherchant à consulter certains ouvrages qui malheureusement ne le renseignent guère sur son ancêtre :

« Donc, je vais à la Bibliothèque, la Bibliothèque nationale, pour compulser la liste des officiers de l’armée de Montcalm en 1756, à Québec ; je veux voir aussi le dictionnaire de Moréri, et celui du Père Anselme, etc. Je lis tous les documents concernant la maison royale de Bretagne, mais je ne trouve rien là non plus. Et finalement à la Bibliothèque Mazarine, une aimable vieille dame, Madame Oury, la bibliothécaire en chef, m’explique patiemment que les Nazis ont bombardé et brûlé tous les documents français en 1944, chose que j’avais oubliée dans l’ardeur de mon zèle. Pourtant, je sens qu’il devrait y avoir quelque chose en Bretagne. »

Aujourd’hui consultables sur Gallica, ces références seraient les suivantes : l’ouvrage de Louis-Joseph, marquis de Montcalm de Saint-Véran (1712-1759 ), Journal du marquis de Montcalm durant ses campagnes en Canada de 1756 à 1759 (Impr. de L.-J. Demers, Québec, 1895), ou Le Grand Dictioire historique, ou Le Mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, par Louis Moreri (J. Gyrin et B. Rivière, Lyon 1863), ainsi que l’ouvrage d’Augustin Du Paz, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne (N. Buon, Paris, 1620).

Il devrait y avoir quelque chose en Bretagne ? Kerouac saute dans le premier Paris-Brest possible. Une fois sur place, direction la librairie de la Cité, au 57 rue de Siam, tenue par un certain Pierre Le Bris de Kerouac. Kerouac pense alors se rapprocher d’un cousin. Les deux hommes faisant connaissance, finissent par convenir hélas qu’ils ne sont pas parents…
Après 210 ans, soit 25 générations après Urbain-François Le Bihan, Jack Kerouac est le premier Lebris de Kerouac à revenir à Brest. Si sa quête est vaine, de retour en Floride, à Orlando, il s’aperçoit néanmoins que son regard n’est plus le même !

Un satori entre Paris, Brest et la Floride ?

De fait, au cours des dix journées que Kerouac passe en France, comme il le raconte dans Satori à Paris, (traduit de l’anglais par Jean Autret, Éditions Gallimard, coll. « folio », 2022, p. 9-10), un éveil le cueille soudain à Paris, ou peut-être était-ce à Brest ? Quelque chose s’est produit sans qu’il puisse toutefois identifier à quel moment, ou par quel étrange enchaînement de circonstances, de rencontres :

« Quelque part, pendant ces dix jours passés à Paris (et en Bretagne) j’ai reçu une sorte d’illumination qui, semble-t-il, m’a une fois de plus transformé, orienté dans une direction que je vais sans doute suivre, cette fois encore, pendant sept ans ou plus : bref, ç’a été un satori : mot japonais désignant une “illumination soudaine”, un “réveil brusque” ou, tout simplement, un “éblouissement de l’œil” — Appelez ça comme vous voudrez, mais il s’est bel et bien passé quelque chose ; et lors de mes premières rêveries, le voyage terminé, une fois rentré chez moi, alors que j’essaie de mettre de l’ordre dans la confuse multitude des événements de ces dix jours, il me semble que le satori a été provoqué par un chauffeur de taxi nommé Raymond Baillet ; d’autres fois, je crois que ce pourrait bien être cette peur paranoïaque éprouvée dans le brouillard des rues du Finistère à trois heures du matin ; d’autres fois, je me dis que c’est M. Casteljaloux et sa secrétaire, jeune femme d’une éblouissante beauté (une Bretonne aux cheveux bleu-noir, aux yeux verts, aux dents bien séparées sur le devant, tout à fait à leur place au milieu de lèvres savoureuses, avec son pull blanc en laine tricotée, ses bracelets en or et son parfum), ou le garçon de café qui m’a dit : “Paris est pourri”, ou le Requiem de Mozart joué dans la vieille église de Saint-Germain-des-Prés par des violonistes exultants, dont les coudes s’agitaient en cadence, joyeusement, parce qu’un grand nombre de gens distingués étaient venus s’entasser sur les bancs et les chaises apportés spécialement pour la circonstance (et dehors, il y a du brouillard) ; ou alors, au nom du ciel, ça pourrait être quoi ? Les arbres des allées rectilignes du jardin des Tuileries ? »

Dans le podcast Radio France datant du 1er avril 2022, « Jack Kerouac, au bout de la route… la Bretagne », Jean Lebrun qualifie quant à lui, l’expérience vécue par Kerouac de satori littéraire, ou « illumination au milieu de l’écriture spontanée », une nuance intéressante à relever !

Des recherches généalogiques contemporaines, le fin mot de l’histoire ?

En 1999, après trois années de recherches intensives, la généalogiste Patricia Dagier et le journaliste Hervé Quéméner démasquent enfin l’ancêtre breton de Jack Kerouac ! Soucieux de vérité historique, ils poursuivent depuis dix ans leurs investigations dans les archives bretonnes, françaises et canadiennes, et exposent leurs résultats dans les deux titres suivants :

Jack Kerouac : De l’Amérique à la Bretagne, Patricia Dagier et Hervé Quéméner, Le Mot et le reste : Marseille, 2019 :

« Jack Kerouac, icône de la Beat generation, est mort en 1969, âgé de quarante-sept ans, laissant une œuvre littéraire qui fait de lui un des auteurs américains les plus importants du xxe siècle. Cependant jusqu’à l’âge de six ans, sa langue maternelle fut le français et son père lui répétait “Ti-Jean n’oublie jamais que tu es breton”. Fort de cette tradition familiale, l’écrivain a multiplié les initiatives afin d’identifier son ancêtre français, émigré de Bretagne en Amérique du Nord au xviiie siècle. La mission était difficile tant ce dernier avait semé son parcours de fausses pistes. Si Jack Kerouac s’est approché au plus près de la solution, il n’aurait pu la trouver sans la clé de l’énigme, celle de la véritable identité de l’ancêtre. Patricia Dagier, généalogiste, a traqué le moindre indice dans les archives en France et au Québec tandis qu’Hervé Quéméner a suivi la quête bretonne de l’écrivain à travers sa vie et son œuvre. Cette enquête minutieuse, écrite à quatre mains, a pour résultat d’établir de façon formelle la filiation bretonne de Jack Kerouac, d’apporter un éclairage original à la personnalité de l’écrivain et surtout de révéler des similitudes étonnantes entre la destinée de l’aventurier breton émigré en Amérique et celle de son lointain descendant. »

Jack Kerouac : Au bout de la route… la Bretagne, Patricia Dagier et Hervé Quéméner, Le Relecq-Kerhuon, 1999 :

« Jack Kerouac, (1922-1969), écrivain américain d’origine franco-canadienne, considéré comme le père de la Beat generation, le parrain de Bob Dylan et de Joan Baez, a consacré les dernières années de sa vie à tenter de découvrir les racines bretonnes de sa lignée. Reniant une postérité où s’inscrivent aussi bien À bout de souffle et Easy Rider que les hippies et la protestation contre la guerre du Viêt-Nam, il a multiplié les contacts avec la Bretagne et les Bretons. Lui qui faisait profession de magnifier l’errance en auto-stop ou sur les plates-formes de trains de marchandises, il voulait surtout savoir d’où il venait. Il est mort sans l’apprendre. Il aurait aimé son ancêtre finistérien, Urbain-François Le Bihan, sieur de Kervoach. Comme lui, Urbain aimait à brouiller les pistes. Il s’était embusqué au plus profond des archives bretonnes et québécoises. Il aura fallu des années de recherches pour découvrir ce fils de famille, devenu aventurier, qui traversa l’Atlantique au début du xviiie siècle et arpenta la Nouvelle-France, le long du Saint-Laurent, pour collecter les plus belles fourrures et tenir son rang. Jack et Urbain : deux hommes qui se ressemblent et qui finissent par se rencontrer dans leur rêve américain. »

Enfin l’identité de l’ancêtre se précise-t-elle : il s’agirait d’un certain Urbain-François Le Bihan, qui ne s’appelait alors pas Kerouac. Parti en Nouvelle-France au début des années 1720, il aurait fui la justice française pour avoir commis quelques bêtises, impliqué dans une affaire ou de vol, ou d’inconduite vis-à-vis d’une femme, les sources restent lacunaires… Par ailleurs, son père, originaire de Huelgoat, dans l’actuel Finistère, n’était pas noble, mais seulement notaire royal.

En Nouvelle-France, c’est-à-dire l’actuel Canada, Urbain-François épouse alors une toute jeune femme, Marie-Louise Bernier, cf. le dossier publié en 2016, François Kirouac et l’Association des familles Kirouac, intitulé « Généalogie de l’auteur franco-américain Jack Kerouac », mis en ligne sur le site de la BAnQ. C’est à cette occasion, cherchant à brouiller les pistes devant le notaire, le curé, qu’il donne alors comme nom, Le Bris de Kervoac !

L’identité bretonne, un sentiment poétique, géographique ? 

Jack Kerouac aura surtout rêvé son ancêtre comme ancré dans la Bretagne des mythes et des légendes. Un retour à la celtitude pour Kerouac ? Dans l’ouvrage Le Retour de la celtitude : de Brocéliande aux fées stars (Éditions l’Harmattan, 2014), Isabelle Papieau cherche à analyser, ou recontextualiser l’engouement pour la culture celte, qu’elle observe aujourd’hui dans notre société. En étudiant la nature des représentations, ainsi reconstitue-t-elle les grandes étapes de la renaissance de ce sentiment poétique celtisant, à partir notamment d’un corpus de films, de spectacles, de chansons et d’œuvres d’art.

Au-delà de cet aspect poétique (voire mythologique), qu’en est-il de l’identité bretonne à laquelle s’est référé Kerouac ? Dans l’émission Géographie à la carte, le podcast, « L’identité bretonne : un sentiment géographique », diffusé le 21 avril 2022, Quentin Lafay recevant la géographe Florence Gourlay, l’historien Joël Cornette et l’écrivain Philippe Le Guillou, explique ceci : « Péninsule en fin de terre d’une superficie de 34 000 km2, la Bretagne, une région riche en paysages et traditions culturelles, peut produire un sentiment d’appartenance. »

Selon France Guérin-Pace et Yves Guermond, dans l’article, « Identité et rapport au territoire »L’Espace géographique, vol. 35, no 4, 2006, p. 289 : « Parler d’identité par le territoire revient à évoquer la contribution d’un lieu érigé en territoire à la formation d’une identité personnelle. De fait, “le lien spirituel avec le sol se crée dans l’habitude héréditaire de la cohabitation” écrivait Friedrich Ratzel, dans La Géographie politique : les concepts fondamentaux, Paris : Fayard, 1987. »

Recherches de l’ancêtre ou quête identitaire ?

L’ouvrage d’Isabelle Luciani et Valérie Piétri, L’Incorporation des ancêtres : Généalogie, construction du présent (du Moyen Âge à nos jours), dans la collection « Corps et âmes », (Presses universitaires de Provence, 2016), explique notamment comment l’incorporation des ancêtres, qu’elle soit matérielle ou symbolique, peut participer à l’identité du « moi ». Ainsi, la question des origines travaille-t-elle en profondeur le processus de construction identitaire que ce soit à l’échelle des individus ou à l’échelle collective.

Dans l’ouvrage La Généalogie : Familles, je vous aime, (volume no 365 dans la collection « Découvertes Gallimard », 1998), Emmanuelle de Boos rappelle utilement (p. 90) le lien viscéral entre généalogie et autobiographie, citant André Burguière : « Le récit autobiographique sélectionne et regroupe les souvenirs personnels en fonction de l’image mythique de soi-même, d’un mythe de la personnalité qui est le véritable sujet de toutes les autobiographies. De même, le discours généalogique mobilise la mémoire pour nourrir l’imaginaire et construire un mythe familial. »

L’œuvre de Kérouac pouvant s’apparenter à un amalgame de fiction et d’autobiographie, la généalogie constitue alors une sorte de prolongement de soi, elle explique ce que l’on est par l’exposition de ses antécédents génétiques. La démarche de réaliser une recherche généalogique est en soi une quête identitaire. En effectuant le classement de sa parenté, en déterminant les limites de la famille, on se classe soi-même, au sein de sa famille, comme dans le temps.


Pour aller plus loin sur le Road movie 

La quête d’aventure sur la route et le mythe du voyageur héroïque

Pascale Argod, « Du road movie au “voyage sauvage” : la quête d’aventure sur la route et le mythe du voyageur héroïque », Représentations du tourisme au cinéma, vol. 14, 2018 :

« Les conceptions de “Wild”, abordées dans le carnet de voyage cinématographique de fiction interrogent le rapport de l’homme à l’espace et la forme du voyage qui suscitent le dépassement de soi par la confrontation à l’environnement. L’expérience vécue du voyage initiatique (aventure, exploration, expédition) définit le genre “carnet de voyage”, devenu un médium du tourisme “hors des sentiers battus”. Les deux carnets de voyage cinématographiques américains que sont Into the wild de Sean Penn en 2007 et Wild de Jean-Marc Vallée en 2015 font en effet référence à Sur la route de Kerouac et au front pionnier américain et marquent une génération de voyageurs carnettistes en quête d’idéal et d’antivoyage. Le retour à la nature sauvage comme confrontation culturelle, dépassement de soi et voyage de formation déterminerait le genre carnet de voyage. Ce dernier se décline comme une écriture de soi ou un film autobiographique sur l’expérience du déplacement, parfois “biopic” ; nous élargissons ainsi le genre du road movie à la robinsonnade et au film en milieu naturel expérimenté. L’esthétique de l’image, du paysage panorama et de la nature grandiose serait l’héritage de la notion de “pittoresque” et de “front pionnier” et les mythes renouvelés du héros “vagabond”, et de la quête d’un nouveau monde seraient hérités des références littéraires de Sur la route de Kérouac et de l’“ethos beat” de la Beat generation. »

« Big Sur, une utopie californienne » par Isabelle Campone, dans la revue Roaditude. Revue francophone de la route, vol. 7, 23 mai 2019.
Résumé :
« À l’extrême ouest du continent américain, en bord d’océan, sur la légendaire Route 1, il y a Big Sur, l’un des plus beaux panoramas au monde, que Henry Miller et Jack Kerouac ont élevé au rang de mythe, et qui a vu naître le New Age. Une hyper représentation de la Californie, mariage en toute liberté d’une nature majestueuse et d’une spiritualité qui l’exalte. »

Road movie, USA, par Bernard Bénoliel et Jean-Baptiste Thoret, Paris : Hoëbeke, 2011.
Résumé :
« L’Amérique a tout de suite eu besoin du cinéma : pour tirer le portrait de tout un peuple d’émigrés venus bâtir une nation. Pour s’imposer comme le pays de la liberté. Pour saisir comme dans un miroir grands espaces, ciels bleus et routes à perte de vue, autant de promesses de trajets initiatiques. Des Raisins de la colère à La Balade sauvage, de la fins des Temps modernes à Easy Rider, de New York-Miami à Route One/USA, le road movie — un drôle de genre qui doit beaucoup au western et veut encore y croire — s’est confronté à cette immensité du continent, lieu de tous les fantasmes, de toutes les démesures, de tous les paradoxes. Paradoxe de voyages qui en chemin n’en finissent pas de retrouver les traces du passé. Paradoxe d’aventures qui se révèlent toutes, pour le meilleur et pour le pire, une expérience intérieure, un aller sans retour, voire une hallucination. Paradoxe de films qui voudraient prendre la mesure d’un pays gigantesque comme une carte rêve de correspondre à son territoire. »

Sur la route… quand le cinéma franchit les frontières : [actes du colloque, Dijon, Université de Bourgogne, 15-16 novembre 2016], dirigés par Bénédicte Brémard, Julie Michot et Isabelle Schmitt, Dijon : Éditions universitaires de Dijon, 2018.
Résumé :
« Des États-Unis à l’Argentine, de la Colombie à l’Iran, il n’est de cinématographie au monde qui ne fasse la part belle au voyage, que celui-ci représente un élément scénaristique ou la notion de franchissement des frontières géographiques, esthétiques ou éthiques (transgression). De la rue à la route, des rails à l’espace, des bikers aux fugitifs, des travellings aux pauses contemplatives, les façons de filmer le voyage sont multiples et ne cessent d’évoluer, comme autant de reflets du monde moderne, pris entre la facilité de communiquer et de se déplacer et le désir de fuir pour retrouver une nature rêvée. Conquête de l’Ouest ou de l’espace, quête de l’El Dorado ou sortie de route, voyage en solitaire ou portrait de groupes multilingues, la route au cinéma trace des croisements et des itinéraires communs entre Kubrick, Spielberg, Eastwood, Sorín ou Panahi. Les analyses réunies dans ce volume dépeignent les constantes et les variantes du road movie d’Hollywood à Téhéran, des années 1940 à nos jours. »


EurêkoiBibliothèque municipale de Lille