Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 02/02/2020.
« Si les épidémies existent depuis que l’homme s’est sédentarisé (la première à être décrite est nommé « peste d’Athènes » et remonte à l’an 428 avant J.-C.), il faut attendre le XIVe siècle pour que soit imaginée la méthode de la quarantaine.
Avant cela, la stratégie consistait à prendre la fuite et à espérer échapper à l’épidémie. »
Depuis 600 ans, « la quarantaine n’est absolument pas une solution », par Pierre Ropert, France Culture, le 04/03/2020.
Un article du Parisien, le 17 mars 2020 revient sur certains épisodes de confinement qui ont déjà eu lieu en France et dans le monde :
Coronavirus : le confinement du pays, une première dans l’histoire de France ?, par Sébastien Nieto, Le Parisien, le 17/03/2020.
Extrait :
« Si aucune mesure de confinement n’a jamais été prise par les autorités françaises à longueur de journée, le couvre-feu (interdiction de sortir la nuit) a déjà été utilisé pour l’ensemble du pays occupé par l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale.
(…) Au Moyen-Âge, une ordonnance royale, signée Philippe V Le Long, excluait les personnes ayant la lèpre, les accusant d’un grand complot pour « faire périr » les Chrétiens. La sentence allait alors jusqu’à l’exécution des malades ou leur emprisonnement. Un tout autre temps.
Au cours de l’histoire de France et d’Europe, la mise en quarantaine ou le « cordon sanitaire », imposé par l’armée à une frontière par exemple, a été utilisée de façon épisodique.
Plus récemment, le dernier exemple date de 1955 en Bretagne. Une épidémie de variole, maladie aujourd’hui éradiquée, touchait alors la ville de Vannes (Morbihan). »
Le site de France 3 Centre Val de Loire propose un dossier : Histoire et confinement : les prisonniers célèbres de la forteresse royale de Chinon
Direction Chinon, où ont été enfermés un comte d’Anjou, une reine d’Angleterre et un grand maître des Templiers.
Toulon et Marseille ont également connu de multiples épidémies d’où la création de Bureaux de Santé à Marseille et Toulon :
1720-1721 : la peste ravage Toulon : conséquences démographiques et économiques par Michel Vergé-Franceschi, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, p57-71, 2007.
Extrait :
« Toulon connaît les épidémies depuis toujours : 1348, 1581, 1587, 1664. D’où la création de Bureaux de Santé à Marseille et Toulon, ce dernier dès 1576. Celui-ci instaura à Lagoubran – à l’ouest de Toulon –, un lazaret qui devait permettre de faire accoster les bateaux dans un abri jusqu’à la fin de leur mise « en quarantaine » ; néanmoins ce lazaret fut plus un mouroir qu’un établissement de soin. »
La Provence malade de la peste : la grande épidémie de 1720 : s’enfermer francearchives.fr, le 18/08/2021
Extrait :
« Devant la menace, les communautés s’enferment : Brovès mure certaines avenues et établit des guérites pour les sentinelles, Toulon, prévenu le 11 juillet d’une possible épidémie à Marseille, refoule immédiatement les barques arrivant de la ville et les chasse grâce aux vaisseaux de guerre présents dans la rade. Des lignes de surveillance sont établies vers Carcès et Le Cannet, des personnes suspectes sont aussitôt mises en quarantaine et Fréjus rompt tout commerce avec Vidauban.
À Aix, sont organisées une stricte surveillance aux portes de la ville et une garde bourgeoise pour contrôler les entrées et les sorties, comme dans la vallée du Queyras, au lieu apellé le Pont de la Chanallète.
Dans le Languedoc, les consuls de Roquebrun ordonnent que des barrières soient installées autour de la ville pour empêcher les vagabonds, qui pourraient apporter la maladie, d’y entrer ; à Saint-Pons de Thomières, les brèches des remparts sont réparées, les portes murées ou fermées à clef et personne ne peut entrer dans la ville, même pas le grand vicaire de l’évêque qui, malgré ses menaces et ses prières, se voit obligé de loger à l’extérieur de l’enceinte dans un bâtiment dédié à la quarantaine, comme à Cannes dans la chapelle Saint-Cassien où sont recueillis des voyageurs venant de Marseille et des marchands retournant de la foire de Beaucaire. »
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À (ré) écouter, sur le thème du confinement :
Sur RTL, Jean-Baptiste Giraud, dans l’émission Questions au saut du lit répond à cette question : Quand la quarantaine est-elle apparue dans l’Histoire ?
« Au XIVe siècle, les lépreux avaient interdiction de s’approcher des villes. Mais les premières véritables mesures de quarantaine sont apparues en 1377 dans les actuelles Croatie et Italie, afin de contrer une épidémie de peste. »
Depuis 600 ans, « la quarantaine n’est absolument pas une solution » par Pierre Ropert, émission Savoirs, sur France Culture, le 04/03/2020 :
Extrait :
« Une méthode vieille de 600 ans
Malgré six siècles d’existence au compteur, la méthode n’a pas toujours fait ses preuves. « La quarantaine n’est absolument pas une solution. Le problème, c’est que très souvent, comme c’est le cas aujourd’hui, il n’y a pas de moyen préventif, il n’y a pas de traitement. Les autorités ne savent pas comment réagir, alors pour avoir l’impression de faire quelque chose, on organise des quarantaines. Mettre des clôtures, c’est encore ce qu’il y a de plus facile« , regrette Patrick Zylberman. »
Le contrôle sanitaire est un contrôle social » : le confinement à travers l’Histoire par Augustin Bordet, radioparleur.net, le 01/04/2020.
Pour Célia Miralles-Buil, post-doctorante à l’université de Lisbonne et membre du Quarantine Studies Network, « il est difficile de dater les premières fois où l’on a mis des personnes en isolement. On pense tout de suite aux léproseries, développées au Moyen-Âge mais déjà existantes dans l’Empire romain .(…)
La première quarantaine préventive a été mise en place en 1377 dans le port de Raguse, aujourd’hui Dubrovnik, à l’occasion d’une épidémie de peste. Le premier lazaret, un lieu spécialement conçu pour mettre en quarantaine, a lui été construit à Venise en 1423, sur l’île de Santa Maria di Nazareth. Cette structure permettait d’accueillir les voyageur·ses suspecté·es de peste. De nombreuses villes méditerranéennes l’ont rapidement adoptée par la suite ».
Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information