Bibliothèque publique d’information – notre réponse du 10/04/2020.
« Alors qu’aujourd’hui la majorité des lecteurs sont des lectrices, les femmes de lettres d’hier sont souvent oubliées, celles d’aujourd’hui sont moins éditées et reçoivent moins de prix littéraires que les hommes de lettres. »
Dossier Femmes de lettres par la Bibliothèque nationale de France.
L’ article : Les femmes de lettres, ces grandes oubliées des programmes par Elsa Maudet, Libération, du 24/04/2015 répond à cette question.
Extrait :
« Pour beaucoup, l’argument du nombre prédomine. « Par la force des choses, il y a peu de femmes écrivains dans l’histoire, se défend Romain Vignest, président de l’Association des professeurs de lettres. Et celles qui existent sont étudiées : Madame de Sévigné, Christine de Pisan, Marguerite de Valois. Ça n’a pas à devenir un critère de choix des auteurs, nous sélectionnons les œuvres en fonction de l’intérêt littéraire, pas du sexe. »
La sous-représentation des femmes lui apparaît au contraire comme un bon moyen d’expliquer aux élèves pourquoi elles sont si peu nombreuses dans la littérature et comment elles ont été opprimées culturellement. C’est justement ce que racontait Virginia Woolf dans Une chambre à soi, en 1929. L’écrivaine britannique y aborde le sujet, alors tabou, de la création féminine et liste les obstacles rencontrés par les femmes pour accéder au statut de romancière : dépendance financière vis-à-vis de l’époux et lutte contre les idées reçues de l’époque, selon lesquelles les femmes étaient moins intelligentes que les hommes. Et quand bien même elles osaient se jeter dans la grande aventure de l’édition, elles se voyaient alors reléguées au rayon «bonnes femmes» des bibliothèques. Conclusion, pour l’auteure de Mrs Dalloway, « une femme doit au moins disposer de quelque argent et d’une chambre à soi », si elle veut se lancer dans une carrière romanesque. »
Littérature : des autrices oubliées, parce qu’effacées par Titiou Lecoq, Slate, mis à jour le 03/01/2020.
Extrait :
« Nos représentations associent intelligence, génie, puissance intellectuelle au masculin et nos panthéons sont remplis d’hommes, parfois accompagnés de leurs femmes. Jusqu’à récemment, l’explication qui prévalait était simple: les femmes du temps jadis n’avaient pas eu les moyens matériels de réaliser des œuvres, trop occupées à faire des floppées d’enfants et à préparer des ragoûts. Virginia Woolf avait bien expliqué ce phénomène dans Une chambre à soi. Elle imaginait à Shakespeare une sœur, qu’elle appelait Judith, dotée du même génie mais qui n’aurait jamais pu écrire.
Dans le même esprit, la collection de la Pléiade écrivait dans un communiqué en 2014 :
« Nous sommes loin de la parité, il est vrai; mais force est de constater que l’histoire littéraire elle-même s’écrit au masculin jusqu’au milieu du XXe siècle; et il n’est pas à la portée de la collection, si bienveillante soit-elle, de la corriger. »
Des femmes en littérature : 100 textes d’écrivaines à étudier en classe : collège, cycles 3 & 4
Éditeurs des Femmes-Antoinette Fouque, Belin éducation, 2018.
Résumé :
« Une anthologie pour étudier la littérature féminine au collège, avec des oeuvres d’auteures du Moyen Age à l’époque actuelle : romancières, poétesses, penseuses et dramaturges. Pour chaque classe : les objets d’étude au programme, des questionnaires progressifs, des séquences de travail, des ressources pédagogiques ainsi que des documents iconographiques et des conseils bibliographiques. »©Electre 2018
Sur Babelio : liste d’autrices à découvrir
Ce que la littérature doit aux femmes
En voici quelques titres :
- La cité des Dames Christine de Pizan
- La Princesse de Clèves Madame de La Fayette
- Œuvres complètes : sonnets-élégies, débat de folie et d’amour, poésies Louise Labé
- «Femme, réveille-toi !»: déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et autres Olympe de Gouges
- Histoire de ma vie George Sand
- Le Blé en herbe et 6 autres romans & nouvelles Sidonie-Gabrielle Colette
- Le premier accroc coûte deux cent francs Elsa Triolet
- Le deuxième sexe, tome 1 : Les faits et les mythes Simone de Beauvoir
- L’œuvre au noir Marguerite Yourcenar
- De la littérature Madame de Staël
- Nulle part dans la maison de mon père Assia Djebar
Histoire et portait de femmes autrices
Les femmes qui écrivent vivent dangereusement
Laure Adler, Stefan Bollmann. Flammarion, 2017.
Résumé :
« Pendant longtemps, la majorité des femmes surent lire, mais pas écrire, l’écrit restant, dans la répartition traditionnelle des tâches entre les sexes, la chasse gardée des hommes. Quand elles accédèrent enfin au droit à l’écriture, elles durent mener une lutte encore plus longue, celle de la reconnaissance de leur production écrite. Alors que la plupart de ces femmes aspiraient à une vie sans contrainte, où elles auraient pu exprimer librement leur art, les obstacles qui ne cessèrent en effet de se dresser devant elles – trouver du temps pour écrire constituant déjà une tâche en soi – les vouèrent à un anticonformisme qui les mettait en danger.
À ces contraintes sociales s’ajouta une pression intérieure, une quête inconditionnelle d’authenticité qui, entravée, put les mener à la folie ou au suicide.
Cet ouvrage dresse le portrait d’une cinquantaine de ces auteures, depuis le Moyen Âge avec Hildegarde de Bingen et Christine de Pisan, jusqu’à l’époque contemporaine avec Carson McCullers, Marguerite Yourcenar, Anaïs Nin, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Françoise Sagan – ou plus récemment Toni Morrison, Isabel Allende ou Arundhati Roy – en passant par les incontournables sœurs Brontë, George Sand, Colette, Virginia Woolf ou Karen Blixen. »
Ces femmes qui écrivent : de Madame de Sévigné à Annie Ernaux
Élisabeth Seys, Ellipses, 2012.
Résumé :
« Ces douze portraits de femmes écrivains, de Christine de Pizan et Marguerite de Navarre à Colette et Simone de Beauvoir, constituent un parcours de l’histoire sociale et littéraire de la France depuis le Moyen Age. »
Toute la collection de Laure Adler, Les femmes qui…
Pour aller plus loin…
Le projet de recherche VisiAutrices
Le projet de recherche VisiAutrices vise à mesurer et caractériser la place des femmes dans l’enseignement des lettres dans le secondaire et le supérieur, et son évolution. En effet, les femmes de lettres restent peu présentes dans les programmes, du secondaire à l’université.
Eurêkoi – Bibliothèque publique d’information