Un tour du monde en 5 récits de voyage

Ce n’est pas une aventure très exotique que cette randonnée d’une quinzaine de jours que relate Robert Louis Stevenson dans Voyage avec un âne dans les Cévennes. Et pourtant, ce journal d’une traversée de la Lozère et du Gard reste un des récits de voyage les plus populaires du XIXe siècle. Ce succès jamais démenti, Stevenson le doit avant tout à un personnage secondaire étonnant, l’ânesse Modestine, têtue mais affectueuse… Mais aussi à la façon pittoresque dont il décrit la campagne française en cette fin de siècle.

Sa vie est un roman et elle ne cesse d’inspirer depuis plusieurs décennies – jusqu’à la BD qui lui fut récemment consacrée par Fred Campoy et Mathieu Blanchot. Mais pour découvrir Alexandra David-Néel, quoi de mieux que les récits qu’elle fit de ses premières expéditions vers Lhassa, cité sacrée tibétaine, où elle fut la première européenne à entrer ? On y savourera l’audace incroyable de la jeune femme, qui ne parvint à pénétrer dans la cité interdite que grâce à un savant déguisement…

A quoi tient le statut de livre-culte de ce récit d’un voyage effectué en voiture entre Belgrade et Kaboul ? Sans doute à l’équilibre remarquable de la pensée de Nicolas Bouvier, qui tient à faire de chaque étape un émerveillement, faisant souffler sur ce récit un grand vent de liberté, tout en faisant preuve d’une érudition certaine qui permet au lecteur de découvrir avec une profondeur réelle les différents pays traversés. Attentif aussi bien à l’anecdotique qu’au sublime, à l’Histoire qu’au quotidien, Nicolas Bouvier est un chroniqueur hors-pair.

Inévitablement, on est pris d’un frisson à la lecture des Aventures en Guyane de Raymond Maufrais, ne serait-ce qu’en raison des circonstances qui ont amené à la publication de ce texte : alors qu’il entreprenait son second périple en solitaire dans la forêt amazonienne, Maufrais disparut, ne laissant pour seule trace qu’un campement où furent retrouvés ses carnets de notes. Derrière l’anecdote glaçante, Aventures en Guyane raconte un fascinant périple de quelques mois qui commence le long de rivières où vivent des chercheurs d’or désillusionnés et se termine au coeur de l’enfer vert, où le jeune Maufrais doit lutter chaque jour pour trouver de quoi survivre et tenter d’avancer vers la frontière brésilienne, son objectif premier.

Sylvain Tesson est un habitué des grandes expéditions – il raconte, entre autres, son périple de la Sibérie à l’Inde dans l’Axe du loup (2004), ou plus récemment un Moscou-Paris en side-car dans Berezina (2015). Dans les forêts de Sibérie est plutôt un voyage immobile, puisqu’il s’agit du carnet de bord des six mois passés par Tesson dans une cabane sur les bords du lac Baïkal. On y retrouve cependant toutes les préoccupations de Sylvain Tesson vis-à-vis de la vie sauvage, mais aussi sa propension à inscrire ses pas dans ceux des Hommes qui ont fait la grande Histoire.