Romans passionnants pour réfléchir sur notre société

Paris, XIXe siècle. La psychiatrie est en plein essor ; le docteur Charcot règne en maître sur ce nouveau champ disciplinaire médical. Certaines de ses patientes, à grands renforts de démonstrations publiques, deviennent de véritables « stars »… Mais qu’en est-il, justement, du quotidien de ces femmes enfermées et isolées ? L’auteure nous plonge au cœur d’une unité de psychiatrie de la Pitié Salpêtrière, aux côtés de dizaines de femmes qui, bien que cataloguées comme « hystériques », étaient avant tout des femmes ambitieuses, lucides, « trop libres »… Avec ce premier roman récompensé par le Prix Renaudot des Lycéens 2019, Victoria Mas « stigmatise le machisme triomphant et fait entendre, bouleversante, la voix de celles qu’on a muselées, étouffées, hypnotisées » (Jérôme Garcin, L’Obs).

A la croisée du polar et de la chronique historique, Alabama 1963 nous plonge au cœur de la société ségrégationniste qui était celle des Etats-Unis dans les années 60. L’enquête policière n’occupe finalement qu’une place discrète dans la facture globale du récit : l’objectif que se donne Ludovic Manchette n’est peut-être pas tant de créer un suspense haletant, que de peindre aussi fidèlement que possible ce contexte socio-politique. Un portrait sociétal mordant, cristallisé dans le binôme formé par Bud Larkin, policier raciste et alcoolique, et sa femme de ménage noire Adela Cobb.

Depuis quelques années, les vidéos de jeunes enfants filmés par leurs parents inondent les réseaux sociaux. Delphine de Vigan s’empare de ce phénomène pour nous faire réfléchir aux dérives d’une telle pratique. Des dérives dont Mélanie Claux fera les frais lorsque l’un de ses deux enfants, Sammy, ne rentrera pas à la maison… Quelles sont les conséquences à court et long terme sur le développement psychologique de ces mineurs devenus, malgré eux, de véritables stars ? Quel impact les réseaux sociaux ont-ils sur notre vie familiale et privée ? Comment garantir le consentement des enfants, lorsque ces derniers désirent simplement faire plaisir à leur mère ? En empruntant les codes du polar, l’auteure dresse le portrait sans fards ni tendresse de notre société de surconsommation numérique.