Les troubles de l’humeur en BD

Dans cette BD au graphisme doux et naïf en noir et blanc, Mirion Malle nous emmène à Montréal dans la vie de Clara, jeune attachée de presse dans une maison d’édition qui perd pied progressivement malgré une vie professionnelle et amicale « réussie ». À travers son chemin sinueux, ses divers états mentaux, beaucoup de sororité, de féminisme et d’anecdotes, Mirion Malle nous fait comprendre toute la complexité de la dépression et son impact sur toutes les sphères de la vie. La BD est très parlante grâce aux dialogues réalistes avec des interlocuteurs plus ou moins sensibles aux troubles mentaux et avec des psychiatres… Elle est aussi actuelle grâce aux « captures d’écran » des conversations Instagram ou WhatsApp, ainsi que des réseaux sociaux et médicaux que Clara visite au fur à mesure qu’elle se déconnecte de la vie sociale. C’est avec humour et douceur que nous découvrons ce mal intime mais universel.

Avec un petit renard, Lou Lubie nous fait découvrir la cyclothymie, état mental qui se caractérise par l’alternance de périodes euphoriques et d’autres de baisse d’humeur. Grâce à des choix graphiques assumés, elle nous présente une autobiographie sous forme de bande dessinée pédagogique vibrante et rythmée. L’hypomanie est représentée par la couleur orange, criarde par rapport aux cases en noir et blanc. Le rythme des cases dans la planche se condense, avec une disparition de l’espace entre les cases, créant un effet de rapidité tourbillonnante. Au contraire, le noir devient prégnant lorsque l’autrice se sent engloutie par la maladie et se noie en elle-même. Des informations scientifiques sur la maladie sont glissées dans les planches, ce qui ajoute une valeur pédagogique à son témoignage.

La dépression est le nouveau mal du siècle est partout et chacun vit cette maladie à sa manière. Daniel, sous traitement depuis 20 ans, Catherine, une femme seule et déboussolée par la perte de sa maman et Charlotte qui découvre un terrible diagnostic, sombrent tous les trois dans les méandres de la dépression. A quoi bon vivre, après tout ca ? Comment trouver le courage de se reconstruire ? Malgré le premier réflexe de se couper du monde, les stades de déni et d’abnégation, l’histoire se focalise sur la solidarité de l’entourage, l’acceptation, la quête du plaisir et de la nouveauté. L’humour, le scénario touchant, le graphisme coloré et soutenu, mais surtout les expressions marquées des personnages nous font glisser d’une page à l’autre avec une rapidité déconcertante.

Entre euphories passagères, expérimentations diverses et rechutes dépressives brutales, Pierre Henri retrace les difficultés de sa fille et le désarroi de son entourage face à cette maladie dont peu de témoignages existent. Le récit est porté par les dessins vifs et expressifs de Sébastien Samson.