Exclus et anticonformistes : quand le roman arabe explore la marginalité
Bibliothèque de l'Institut du Monde Arabe
- Univers : Livre
- Genre : Non classé
- Âge : 25 ans et +
La littérature arabe contemporaine s’est toujours intéressée aux marginaux, ceux que le pouvoir ou la société exclus ou ceux qui, par choix ou pour marquer leur résistance à un cadre qu’ils refusent, s’excluent d’eux-mêmes. Mendiants, prostitué(e)s, homosexuel(le)s, déclassés, enfants des rues, voleurs et chefs de bande ou membre d’une communauté religieuse minoritaire, c’est tout un monde de personnages et une plongée dans les bas-fonds et les travers des sociétés arabes que vous propose cette sélection subjective de romans, lus et approuvés par la Bibliothèque de l’Institut du monde arabe.
La chanson des gueux
Publication:
L’avis du bibliothécaire
Naguib Mahfouz se devait de figurer dans cette liste du fait de son regard attentif et humaniste envers le petit peuple, du Caire notamment. Selon Ziad Elmarsafy, » à travers l’« épopée » (malhamat) d’Ashur al-Nagi et de ses descendants, le roman présente un idéal de « chevalerie » (en arabe : futuwwa) à base de force et d’abnégation, courant dans les classes populaires et criminelles égyptiennes, pratiqué ou enfreint par les différents personnages et largement inspiré du soufisme ». La chanson des gueux est un titre de Naguib Mahfouz parmi tant d’autres romans ou nouvelles de l’auteur qui mettent en scène les marginaux et les exclus.
D'autres avis sur SensCritique.
Les Hommes oubliés de Dieu
Publication:
Les « hommes oubliés de Dieu » sont les victimes des grandes cités orientales qu’Albert Cossery, lui, ne peut effacer de son esprit. Qu’il s’agisse de Zouba, le facteur qui, pour se venger des injures dont il est l’objet, s’autoproclame prophète, ou de Faiza, la jeune fille torturée par l’esprit malfaisant, qui ne trouve de repos que dans les bras de Mahmoud le hashache, chacune des cinq histoires de ce recueil est baignée d’une de ces clartés singulières « venues là exprès pour surprendre la honte de l’homme ». Mais même à ces épaves humaines, à ces mendiants, brigands, prostituées qui choisissent la paresse comme art de vivre ou comme arme contre la vaine agitation des nantis, n’échappe pas le burlesque et l’absurdité de leur vie…
L’avis du bibliothécaire
Dans ce recueil de nouvelles paru en Egypte 1941 (puis vite censuré) plusieurs « oubliés de Dieu » naviguent entre sommeil, haschich et envie de révolte. Du grand Albert Cossery !
Disponible à la Bibliothèque de l’Institut du monde arabe http://bima-catalogue.imarabe.org/lib/item?id=chamo:29860
D'autres avis sur SensCritique.
Les Cigarettes égyptiennes
Publication:
Le Caire, années 1950. L’Égypte de Nasser est en pleine ébullition intellectuelle, et tente de se libérer de l’influence britannique. Ram, le héros des Cigarettes égyptiennes appartient à une jeunesse dorée qui continue, tant bien que mal, de mener la dolce vita dans les bars et les clubs que les Anglais ont laissés derrière eux. Produit d’une bonne éducation, membre d’une riche famille, il manque d’ambition. Sa vie se résume aux jeux qu’il partage avec ses compagnons ; tous ensemble, ils boivent leur héritage. Mais ses vrais amis appartiennent à un cercle différent : de jeunes étudiants égyptiens qui se livrent à des activités politiques dangereuses, quand ils ne se perdent pas en débat philosophiques passionnés.
L’avis du bibliothécaire
Drôle, féroce, lucide : un jeune copte de la bourgeoisie cairote vivote aux frais de sa famille et de ses amis tout en rejetant la classe dominante dont il est issu. Avec en toile de fonds un regard critique sur l’Egypte de Nasser et les visées impériales anglo-françaises. Unique et magnifique roman écrit en 1964 par Waguih Ghali qui se suicide en 1969.
Disponible à la Bibliothèque de l’Institut du monde arabe http://bima-catalogue.imarabe.org/lib/item?id=chamo:158487
D'autres avis sur SensCritique.
L’Oeuf du coq
Publication:
L’œuf du coq est une chronique sociale qui dessine avec justesse l’état des lieux d’un Maroc où la pauvreté pousse des hommes et des femmes à la violence, à la corruption et à des comportements dont la morale n’a que faire… « Difficile de trouver un trou pour s’introduire dans cette société de Casablanca. La vie à Marrakech se déroule sur un rythme lent et en bavardages. Mais ici tout est différent. Au début, j’ai été choqué, mais je me suis habitué. On arrive à s’habituer à tout et sur le coup. Même quand il s’agit de la relation entre une vieille femme âgée ou d’âge mur, et un jeune homme. Les gens médisent et critiquent, tout en commettant eux-mêmes des crimes qui feraient frémir Satan en personne. Ah! Satan! Qu’il soit maudit, présent ou absent. Mais y a-t-il plus grand Satan qu’une femme? »
L’avis du bibliothécaire
Celui qu’on a pu qualifier de « chroniqueur des bas-fonds marocains » dresse le portrait de la misère sociale et psychologique et la lutte quotidienne des marginaux confrontés à toujours plus de problèmes…
Disponible à la Bibliothèque de l’Institut du monde arabe http://bima-catalogue.imarabe.org/lib/item?id=chamo:56231
D'autres avis sur SensCritique.
La traversée du K.-O.
Publication:
Plongée vertigineuse dans le quotidien, les rêves et les désillusions des habitants d’un bidonville situé à la périphérie du Caire, La Traversée du K.-O. est un roman qui ne recule devant rien. À travers ce récit d’une grande inventivité formelle, au réalisme brutal, Mohamed al-Fakharany donne à voir la vérité toute nue de ces territoires invisibles où la vie impose toute sa violence aux individus, où la morale et la légalité constituent de pures abstractions, où le terme « gouvernement » sert à désigner la police, où le trafic de stupéfiants et la prostitution sont à peu près les seuls métiers envisageables, où la consommation de drogues de toutes sortes et la violence entre les sexes sont les exutoires les plus courants de la rage collective. Un roman à la fois prémonitoire des renversements politiques qu’a connus l’Égypte ces toutes dernières années et, malheureusement, encore d’actualité. traduit de l’arabe (Égypte) par Marianne Babut [Résumé : http://www.seuil.com] Mohamed al-Fakharany est né en 1975 à Shabraris, un petit village du delta du Nil, et vit aujourd’hui au Caire, où il a suivi des études universitaires en géologie. Il s’est fait d’abord connaître au début des années 2000 comme nouvelliste. La Traversée du K.-O. (Fâsil li-d-dahsha), paru en 2007, est son premier roman.
L’avis du bibliothécaire
Le petit peuple du Caire avant le chute de Moubarak : drogue, bidonvilles, prostitution, tortures policières, amour et pornographie. Un 1er roman au réalisme cru et brutal, qui vous met KO. Prix de la littérature arabe IMA/Fondation Lagardère en 2014.
Disponible à la Bibliothèque de l’Institut du monde arabe http://bima-catalogue.imarabe.org/lib/item?id=chamo:134754
D'autres avis sur SensCritique.
Le Pain nu
Publication:
Une famille, dans le Maroc des années 40, quitte le Rif pour Tanger. Afin d’échapper à l’écrasante tutelle du père, auquel ses enfants vouent une haine sans partage, le narrateur s’éloigne bientôt des siens. Il connaît la gamine, les nuits à la belle étoile, et rencontre la délinquance, les amitiés nouées dans les bas-fonds de la ville, la sexualité, la prison, la politique. Quinze ans après la parution du Pain nu, la voix de Mohamed Choukri apparaît toujours comme celle d’un écrivain majeur. Présenté et traduit de l’arabe par Tahar Ben Jelloun.
L’avis du bibliothécaire
Un titre incontournable de cette liste : traduit par Tahar Benjelloun, ce roman coup de poing paru en 1973 décrit Tanger et son peuple de misère loin de l’image du cinéma américain…. Dans Le pain nu, Mohamed Choukri déclare : « Je considérais le vol comme légitime dans la tribu des salauds… ».
Disponible à la Bibliothèque de l’Institut du monde arabe http://bima-catalogue.imarabe.org/lib/item?id=chamo:135202
D'autres avis sur SensCritique.
Les Femmes de Karantina
Publication:
Saga familiale sur trois générations dans une Alexandrie parallèle et secrète, Les Femmes de Karantina offre une galerie de personnages truculents tous plus en délicatesse avec la loi les uns que les autres. Traitement iconoclaste des mythes, maniement audacieux de la langue, humour féroce, Nael Al-Toukhy dynamite la tradition et la légende avec une énergie contagieuse. [Résumé éditeur]
L’avis du bibliothécaire
Une œuvre saluée par la critique comme l’un des meilleurs romans de la nouvelle littérature égyptienne. Le roman raconte l’histoire, longue et foisonnante, des voyous de la ville d’Alexandrie, qui constitue un personnage à part entière. S’y ajoute notamment des portraits de femmes magnifiques et un style littéraire qui vous emporte ! A ne pas rater .
Disponible à la Bibliothèque de l’Institut du monde arabe http://bima-catalogue.imarabe.org/lib/item?id=chamo:157049
D'autres avis sur SensCritique.
Retrouvez toutes les listes de la Bibliothèque de l'Institut du Monde Arabe sur SensCritique.
Film, roman, BD, série... Nous sommes là pour vous aider à choisir.